Le public québécois s'habitue progressivement à la disparition de la dénomination Ogilvy Renault, longtemps associée au plus important bureau montréalais d'avocats. Depuis sa fusion avec le groupe britannique Norton Rose en juin 2011, la nouvelle entité poursuit son déploiement à l'échelle internationale et c'est Norman Steinberg, associé montréalais, qui en assume la coordination depuis près d'un an.                                

Ogilvy Renault s'est transformé en Norton Rose Canada lorsque les associés du principal bureau d'avocats d'affaires de Montréal ont accepté l'invitation du groupe britannique Norton Rose de se joindre à lui dans son projet de créer une pratique juridique mondiale.

Au moment même où les 450 avocats d'Ogilvy Renault s'intégraient à Norton Rose, qui avait déjà des bureaux au Moyen-Orient et en Asie, un important cabinet australien de 600 avocats se joignait aussi à la nouvelle organisation.

Un mouvement irrépressible, selon Norman Steinberg, qui a participé à l'opération et qui est maintenant le président mondial de Norton Rose.

Un marché international

«On a fait ce que les cabinets comptables ont fait il y a 25 ans. Ils voulaient à l'époque réaliser des mandats de vérification globale, mais, pour le faire, ça prenait une pratique globale.

«Nos clients souhaitaient la même chose. Bombardier, par exemple, qui a des activités dans une centaine de pays, voulait qu'on l'accompagne dans ses dossiers internationaux, mais pas seulement à partir du siège social de Montréal. On avait un bureau à Londres, mais c'était vraiment limité», observe Norman Steinberg.

En fusionnant avec Norton Rose, Ogilvy a multiplié sa portée et le mouvement n'a pas encore pris fin.

«Depuis quelques années, la croissance du marché juridique canadien était limitée à environ 3% par année. En s'ouvrant au reste du monde, on accompagne mieux nos clients qui ont des activités mondiales, mais on accède aussi à un beaucoup plus grand marché», poursuit l'avocat Steinberg.

«En s'associant à l'international, les grands bureaux comptables canadiens ont pu développer une plus grande activité de recherche, de perfectionnement, de développement des affaires. On profite des mêmes avantages.

«On a bonifié notre infrastructure. On a créé une Académie globale pour la formation de nos avocats et on a développé à Montréal un département de développement des affaires», souligne-t-il.

La volonté de rayonnement de Norton Rose ne s'est pas essoufflée après la fusion avec Ogilvy Renault. Quelques semaines plus tard, le bureau MacLeod Dixon, de Calgary, et ses 250 avocats embarquaient dans le groupe et, rapidement, un important bureau d'avocats d'Afrique du Sud et son contingent de 200 spécialistes du droit venait créer Norton Rose Africa.

Une percée américaine

Pour bien marquer la personnalité globale de Norton Rose, on a convenu de faire alterner la présidence mondiale du groupe parmi les associés des différentes entités qui la composent.

Norman Steinberg est devenu président mondial en mai 2012. Il terminera son mandat en mai prochain et cédera son poste à un associé australien, qui le confiera l'année suivante à un collègue sud-africain.

Le mandat de Norman Steinberg a été marqué par une croissance de taille. En novembre dernier, Norton Rose a annoncé que l'important cabinet américain Fulbright&Jaworski allait s'intégrer au groupe pour donner naissance à Norton Rose Fulbright, le 1er juin prochain.

«C'est un gros cabinet de 800 avocats, implanté depuis 1919 au Texas, spécialisé dans le secteur de l'énergie mais qui a des bureaux dans 11 villes américaines, dont Dallas, New York et Washington.

«Norton Rose Fulbright devient l'un des 10 plus importants bureaux d'avocats au monde avec 3800 avocats dans 55 villes à l'échelle internationale», précise Norman Steinberg.

Avec des antennes importantes en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Afrique du Sud, au Moyen-Orient et en Asie, Norton Rose devient aussi une force puissante dans les secteurs des ressources naturelles, de l'énergie, de la finance et du litige.

«On peut desservir nos clients chinois en Afrique du Sud et au Canada et nos clients canadiens en Chine, au Moyen-Orient et en Afrique», indique Norman Steinberg.

Une vente facile

Le virage global de l'ancienne firme Ogilvy Renault n'a pas été difficile à vendre aux associés du groupe montréalais, même si la fusion à Norton Rose allait marquer la fin de la prestigieuse dénomination Ogilvy Renault.

«C'est notre associé Brian Mulroney qui a fait le discours pour expliquer à tous que c'était triste de changer de nom, tout en soulignant qu'en 130 ans d'histoire, Ogilvy Renault avait quand même changé 33 fois son nom. Il les a tous nommés et cela a clos le débat», se rappelle Norman Steinberg.

Lui-même se souvient que lorsqu'il s'est joint à la firme, le 15 novembre 1976, elle se nommait Ogilvy, Cope, Porteous, Hansard, Marler, Montgomery&Renault. Comme quoi le branding d'une pratique juridique est davantage lié aux résultats qu'elle obtient pour ses clients qu'à sa simple dénomination.