Au cours des 10 dernières années, le nombre d'étudiants qui fréquentent l'École de technologie supérieure (ETS) a pratiquement doublé pour atteindre les quelque 7000 inscrits. Et l'institution forme aujourd'hui le plus fort contingent annuel de nouveaux ingénieurs québécois. En dépit de cette croissance soutenue et de son budget qui a quasiment triplé, l'ETS nage en plein équilibre budgétaire et n'affiche aucun déficit accumulé.

C'est d'un ton posé, calme et avec une minutie toute pédagogique - qui trahit son passé de professeur et surtout de chercheur - qu'Yves Beauchamp nous dresse le bilan des deux mandats qu'il aura réalisés en juin prochain à titre de directeur général de cette institution universitaire méconnue de bien des Québécois.

À quelques jours de la tenue du Sommet de l'enseignement supérieur, l'École de technologie supérieure constitue aussi un cas d'espèce dans le monde universitaire québécois.

Une croissance soutenue

Depuis 10 ans, l'École affiche une croissance soutenue. Son budget de fonctionnement est passé de 40 à 110 millions de dollars. Ses activités de recherche, de 4 à 24 millions. Elle a doublé sa superficie avec des investissements de 250 millions en plein centre-ville, dans le quartier de l'Innovation où ses installations ont pris la place de l'ancienne brasserie Dow, rue Notre-Dame Ouest.

L'École reçoit 12 mois par année quelque 7000 étudiants à temps plein, dont 1600 sont inscrits aux études de second cycle et 350 qui sont au niveau du doctorat.

«Ce qui nous distingue, c'est que nous dispensons un enseignement coopératif, bien ancré auprès des entreprises pour qui on réalise beaucoup de recherche appliquée», explique Yves Beauchamp, qui termine cette année un deuxième mandat de cinq ans à titre de directeur général de l'ETS.

Ancienne constituante de l'UQAM, l'ETS a été longtemps une école de formation pour les technologues. À la fin des années 80, l'institution était appelée à disparaître parce que ses étudiants ne pouvaient obtenir le diplôme d'ingénieur, en dépit des trois années d'étude à temps plein qu'ils devaient réaliser.

Le Bureau canadien d'agrément des programmes de génie a décidé de reconnaître le diplôme de l'ETS en 1990, ce qui a relancé l'École sur de nouvelles bases.

«On a fait un programme vraiment aligné sur les besoins des entreprises. Le cours s'étale sur huit trimestres consécutifs et comprend un stage d'un an en entreprise. On donne 2700 stages par année à nos étudiants et on a pourtant de l'offre pour 3200 stages», explique Yves Beauchamp.

«Les entreprises aiment bien nos stagiaires parce qu'ils ont déjà le statut de technologue. Ils sont aussi à l'aise sur le plancher de l'usine que dans le bureau de conception», relève-t-il.

Au fil des ans, l'ETS a tissé un réseau de partenariats avec plus de 1000 entreprises industrielles qui financent 75% de ses activités de recherche.

«Ce partenariat nous a permis de hausser de 4 millions à 24 millions nos budgets annuels de recherche. On vient tout juste de rénover un édifice adjacent à l'École qui est un incubateur industriel. On a un potentiel d'agrandissement de 500 000 pieds carrés», souligne le directeur général.

Un mandat national

L'autre caractéristique qui démarque l'ETS vient de la portée de son mandat qu'on a voulue nationale.

«Plus de 2500 de nos étudiants viennent de l'extérieur de Montréal. Notre rôle est de les former pour qu'ils puissent ensuite retourner dans leur région pour travailler. On a un impact positif sur le flux migratoire régional», relève Yves Beauchamp.

Pour répondre à cet afflux permanent d'étudiants des quatre coins du Québec, l'ETS a construit un parc de résidences universitaires sur le campus qui peut accueillir 1350 étudiants.

«La dernière phase de construction de nouvelles résidences a coûté 32 millions. Mais une fois les coûts annuels d'intérêt et d'amortissement calculés, cette activité va nous permettre d'engranger 25 millions de profits nets au cours des 25 prochaines années», indique le directeur général.

De la même façon, l'ETS a mis en place une activité de stationnement payant sur les terrains qui lui appartiennent. Ces entreprises connexes, comme les appelle Yves Beauchamp, devraient générer 70 millions en bénéfices nets au cours des 15 prochaines années.

«On utilise ces surplus pour acheter de l'équipement de pointe ou développer certaines activités de recherche. Il n'est pas question de les utiliser pour le fonds de roulement de nos activités normales», précise-t-il.

L'ETS en 10 ANS

> Nombre d'étudiants: de 3750 à 7000

> Nombre de diplômes d'ingénieurs par année: de 455 à 711

> Nombre de programmes d'études: de 20 à 75

> Nombre de professeurs: de 115 à 180

> Nombre de lits en résidence: de 377 à 1350