L'acquisition par Takeda du laboratoire irlandais Shire pour quelque 46 milliards de livres (environ 79,5 milliards de dollars canadiens) correspond à une «accélération d'une stratégie qui réussit et non à un changement», a insisté mercredi lors d'une conférence de presse le PDG du groupe japonais.

Acquérir Shire «est l'occasion unique de créer un géant des sciences et de la pharmacie, au niveau international», a déclaré Christophe Weber, un Français, transfuge de GlaxoSmithKline (GSK), qui pilote Takeda depuis 2015.

L'ensemble se placera au 9e rang mondial en termes de chiffre d'affaires annuel.

«Notre stratégie est un succès et cette accélération s'inscrit dans la continuité», a-t-il ajouté, rappelant «la complémentarité» à la fois du portefeuille de médicaments en cours de développement dans cinq domaines clefs (dont l'oncologie, la gastroentérologie et les maladies rares, spécialité de Shire) et de la présence géographique de chacune des deux sociétés.

«Ce sera une combinaison géographique quasi parfaite (48% des ventes aux États-Unis, 19% au Japon, 33% dans les autres pays)», a-t-il précisé.

Soucieux de répondre aux inquiétudes relatives au mariage des deux entités et au montant offert aux détenteurs de titres Shire, M. Weber s'est montré «convaincu» du bien-fondé de cette décision et «confiant» dans la capacité du groupe à assumer cette «grosse acquisition».

«Nous avons jugé que l'intégration des deux groupes était réalisable: on ne peut pas décider une telle acquisition si on n'a pas la certitude que l'intégration est possible», a-t-il souligné.

«Cela va certes élever notre dette, mais c'est à mettre en regard des profits que nous pouvons générer. Il faut comprendre que plus on dégage de marges, plus on peut se permettre un haut niveau d'endettement», a déclaré le PDG.

«Nous allons réduire très rapidement cet endettement au fil des années. Nous sommes donc très à l'aise, même si notre offre envers Shire a fait la une des médias pour son montant», a-t-il ajouté.

L'agence de notation S&P Global Ratings a prévenu mardi qu'elle étudiait un abaissement de deux crans de la note de Takeda, tout en soulignant cependant l'intérêt stratégique de l'absorption de Shire.

Alors que les commentateurs nippons relèvent que cette opération audacieuse n'aurait sans doute pas été osée par une équipe de direction japonaise, M. Weber s'est appliqué à faire taire les rumeurs laissant entendre que Takeda n'était déjà plus vraiment un groupe japonais.

«Le siège de Takeda restera au Japon, contrairement aux informations qui ont pu circuler à ce propos. Takeda est et restera une entreprise japonaise et les patients japonais seront les premiers à bénéficier de ses nouveaux traitements», a-t-il assuré.