Les États-Unis ont repoussé l'imposition de tarifs sur l'acier et l'aluminium pour au moins un autre mois, avec une annonce en fin de soirée, lundi, qui reporte un enjeu explosif avec le Canada et d'autres partenaires commerciaux d'envergure jusqu'au 1er juin.

L'annonce a été faite tout juste avant un échéancier pour la mise en vigueur de ces tarifs sur les importations et constitue un second report de cette mesure ayant laissé planer la menace d'une guerre commerciale.

L'administration Trump a remis à plus tard sa décision visant à déterminer si les États-Unis imposeront des tarifs douaniers sur les importations en provenance de l'Union européenne, du Canada et du Mexique.

Quelques heures après l'annonce américaine, un porte-parole pour le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le Canada avait bon espoir que les États-Unis comprennent que des tarifs nuiraient autant aux travailleurs américains qu'aux travailleurs canadiens.

Le gouvernement américain a par ailleurs conclu un accord avec la Corée du Sud, et des ententes de principe seront finalisées bientôt avec l'Argentine, l'Australie et le Brésil, a annoncé l'administration Trump.

La Maison-Blanche a indiqué, lundi, par communiqué que les négociations avec ces pays visaient à établir des quotas pour restreindre le volume des importations d'acier et d'aluminium.

En mars, le président Donald Trump avait imposé des tarifs douaniers de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur les importations d'aluminium, mais il avait exempté l'Union européenne et cinq autres pays.

Le Canada avait de bonnes raisons de s'inquiéter, à titre de principal exportateur de ces métaux aux États-Unis. Ottawa espérait obtenir cette nouvelle exemption, comme le Mexique, alors que se poursuivent les négociations pour le renouvellement de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Les tarifs douaniers devaient entrer en vigueur il y a quelques semaines mais le président américain, Donald Trump, avait reporté au 1er mai, par décret, cette mesure.

Désormais, les États-Unis affirment qu'afin d'éviter ces tarifs, chaque pays doit accepter de limiter ses importations d'acier et d'aluminium.

«Dans toutes ces négociations, l'administration s'attarde aux quotas qui restreindront les importations, préviendront les transbordements et protégeront la sécurité nationale», a affirmé lundi la Maison-Blanche.

Le Canada maintient que ces mesures ne peuvent se justifier ni d'un point de vue économique ni d'un point de vue juridique - et pas même d'un point de vue militaire. L'administration Trump soutient que ces tarifs sont nécessaires notamment parce qu'une trop grande dépendance aux métaux de l'étranger constitue une menace à la sécurité nationale des États-Unis.

Ottawa rétorque que le Canada fournit des métaux au complexe militaro-industriel américain depuis des décennies, que les importations et les exportations d'acier sont essentiellement équilibrées entre les deux pays, et que le gouvernement canadien collabore déjà avec Washington pour éviter tout dumping d'acier en provenance de l'Asie.

On ignore par ailleurs comment il serait possible de gérer de tels tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium dans une industrie aussi intégrée que celle de l'automobile - où certaines parties du véhicule franchissent plusieurs fois les frontières nord-américaines avant d'être finalement assemblées.

De passage à Vancouver, lundi matin, le premier ministre Justin Trudeau demeurait optimiste. «Il n'y a aucun doute que les deux pays sont aussi intégrés dans leur commerce d'aluminium et d'acier, et ce serait dommage, pas seulement pour le Canada mais pour les États-Unis aussi, de voir des limites ou des tarifs imposés sur ce commerce», a-t-il soutenu avant l'annonce de la Maison-Blanche.

«Nous continuons de travailler avec l'administration américaine, mais nous restons optimistes que nous allons continuer de pouvoir défendre les bons emplois en acier et en aluminium à travers le pays.»