Le fabricant de vêtements Gildan ambitionne d'ajouter American Apparel à son portefeuille bien garni, qui comprend déjà des marques telles que Anvil, Gold Toe ainsi que Comfort Colors.

L'entreprise a conclu une entente visant à acquérir, pour 66 millions $ US, la marque de cette entreprise fondée par 1989 par le montréalais d'origine Dov Charney. En parallèle à l'offre de Gildan, American Apparel s'est placée lundi à l'abri de ses créanciers pour une deuxième fois en un peu plus d'un an en vertu aux États-Unis.

«American Apparel a une solide réputation auprès du public, a expliqué le vice-président aux communications de Gildan, Garry Bell, au cours d'un entretien téléphonique, lundi. Avec la force de notre réseau de distribution, nous croyons pouvoir générer de la valeur.»

Cette offre a été accueillie favorablement par les investisseurs, puisqu'en après-midi, à la Bourse de Toronto, l'action de Gildan prenait 4,37 pour cent, ou 1,49 $, pour se négocier 35,61 $.

Confrontée à une baisse de ses ventes, à l'instar de plusieurs détaillants du secteur de la mode, American Apparel s'était placée sous la protection de ses créanciers pour une première fois en octobre 2015. Près d'un an plus tôt, elle avait congédié M. Charney dans la foulée d'allégations d'inconduite sexuelle.

M. Charney, qui réfute ces allégations, a répliqué en intentant une poursuite en diffamation à contre l'entreprise qu'il a fondée en plus d'avoir tenté, sans succès, d'en reprendre le contrôle.

American Apparel n'a pas engrangé de profits depuis 2010. En 2014, ses ventes étaient estimées à 185 millions $ US, dont 168 millions $ en provenance des États-Unis.

D'après des documents déposés auprès d'un tribunal des faillites du Delaware, la valeur des actifs de la chaîne établie à Los Angeles, connue entre autres pour ses publicités lascives, varie entre 100 millions $ US et 500 millions $ US.

Dans le cadre de sa proposition, Gildan - qui fabrique des sous-vêtements, des chaussettes et des t-shirts - mettrait également la main sur les baux de deux usines californiennes et un centre de distribution, mais n'achèterait aucun magasin. Elle détient aussi l'option de retirer certains actifs de son offre.

L'offre de 66 millions $ US de Gildan constituera un prix minimum pour d'éventuels concurrents qui souhaiteraient mettre la main sur American Apparel dans le cadre d'une enchère qui se déroulera vraisemblablement plus tard cette année.

«Gildan dispose de l'option d'égaler toute offre, a expliqué M. Bell. Si le processus avorte, il y aura notamment une indemnité de rupture ainsi que le remboursement de certaines dépenses.»

American Apparel avait la particularité de fabriquer ses vêtements prêt-à-porter aux États-Unis, une approche que Gildan envisage de «maintenir», affirme M. Bell.

«La continuité est très importante, a-t-il dit. Nous reconnaissons la valeur de la marque.»

Keith Howlett, de Desjardins Marchés des capitaux, avance plutôt l'hypothèse que certains produits populaires soient toujours fabriqués à Los Angeles, mais que Gildan délocalise une partie de la production vers ses usines à faibles coûts du Mexique et de l'Amérique centrale.

La plupart des analystes financiers ont accueilli favorablement l'offre de Gildan pour American Apparel, soulignant que cette marque bien connue viendrait renforcer son secteur des vêtements imprimés.

«Cette acquisition génèrera de nouvelles occasions de revenus grâce au réseau de distribution de Gildan en Amérique du Nord et à l'international, ce qui devrait accroître la présence d'American Apparel», écrit Neil Linsdell, de Valeurs mobilières Industrielle Alliance, dans un rapport.