Le financement supplémentaire annoncé cet été et conclu récemment pour la cimenterie de Port-Daniel fera grimper le niveau de risque du prêt de 250 millions $ octroyé par l'État québécois.

Si le syndicat bancaire mené par la Banque Nationale - qui a prêté 360 millions $ - conserve son premier rang de créancier, Investissement Québec (IQ) glisse derrière la société de portefeuille BlackRock, qui s'est jointe au groupe d'investisseurs en août dernier en finançant une débenture de 125 millions $.

L'attachée de presse de la ministre de l'Économie Dominique Anglade, Cynthia St-Hilaire, a confirmé la nouvelle mardi après que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) eut procédé à une mise à jour du projet de cimenterie, dont la construction est achevée à 75 %.

«Nous obtenons un meilleur taux (de rendement), a affirmé Mme St-Hilaire au cours d'un entretien téléphonique, sans toutefois le dévoiler. Le risque va être réduit avec le temps. Nous ne sommes pas devant un projet en démarrage et qui ne se concrétisera pas.

«Un coup de barre a été donné et la situation a été redressée, a-t-elle ajouté. Il y a actuellement près de 1000 travailleurs sur le chantier.»

Annoncé le 11 août dernier, la nouvelle ronde de financement de 250 millions $ passe désormais à un peu plus de 280 millions $ puisque des investisseurs minoritaires ont injecté 31,75 millions $ de plus.

Mme St-Hilaire a assuré que le gouvernement Couillard n'avait pas mis plus d'argent dans ce projet, dont la facture est désormais estimée à près de 1,5 milliard $.

Dans la foulée des dépassements de coûts évalués entre 400 et 450 millions $, la CDPQ avait pris le contrôle du projet des mains de la famille Beaudoin-Bombardier.

L'investisseur institutionnel avait allongé 125 millions $ de plus dans l'aventure, faisant passer sa participation à 265 millions $. BlackRock s'était également jointe au groupe d'investisseurs avec sa débenture 125 millions $.

Initialement, le projet de cimenterie était appuyé à hauteur de 450 millions $ par Investissement Québec - le bras financier du gouvernement du Québec - ainsi que de la CDPQ.

Reprise du contrôle

Dans le cadre de sa mise à jour, la CDPQ prévoit que les premières livraisons de la cimenterie auront lieu au printemps. De plus, le terminal maritime de l'entreprise devrait accueillir son premier navire au cours des prochains jours.

Selon l'investisseur institutionnel, la nouvelle direction, dont l'arrivée a été annoncée au début du mois d'août, a procédé à une réorganisation du travail en plus d'augmenter la cadence des travaux, ce qui a permis de «reprendre le contrôle» du projet.

«Cette cimenterie de pointe et de classe mondiale, qui fera ses premières livraisons de ciment dès ce printemps, bénéficiera de meilleures conditions de marché que ce qui était anticipé, au bénéfice de nos déposants et des autres actionnaires», a souligné le premier vice-président, Québec, de la Caisse, Christian Dubé.

En dépit des dépassements de coûts, la CDPQ a assuré à plus d'une reprise, depuis qu'elle a pris le contrôle du projet, que la cimenterie sera rentable.

La cimenterie pourrait émettre 1,76 million de tonnes de gaz à effet de serre si elle atteint sa production maximale oscillant aux alentours de 2,5 millions de tonnes de ciment par année, principalement destinées au marché nord-américain.