Le fabricant de trains d'atterrissage et de composants aéronautiques Héroux-Devtek ne craint pas d'être puni par Lockheed Martin même si Ottawa n'achète pas de chasseurs F-35.

L'entreprise de Longueuil produit un système de verrous de portes pour le F-35 dans son usine de Laval. Or, en juin, Lockheed Martin a prévenu que si le gouvernement opte pour un autre avion, 825 millions de dollars en contrats industriels seront transférés dans d'autres pays. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie et les Pays-Bas, entre autres, ont commandé des F-35.

« C'est sûr que ça va avoir des conséquences, a commenté jeudi le PDG d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, à l'issue de l'assemblée des actionnaires de l'entreprise. Mais on pense qu'on va pouvoir garder le contrat qu'on a déjà. » Il faut toutefois rappeler qu'en 2014, alors qu'Ottawa songeait encore à acquérir 65 appareils F-35, Héroux espérait décrocher d'autres mandats en lien avec l'ambitieux programme. Rien ne s'est concrétisé à cet égard.

Le mois dernier, le gouvernement Trudeau a annoncé la tenue de nouvelles consultations avec l'industrie et certains pays à propos des chasseurs qui doivent remplacer les vénérables CF-18. En campagne électorale, les libéraux ont promis de ne pas acheter de F-35, ou à tout le moins d'organiser un appel d'offres ouvert à tous les avionneurs.

Héroux-Devtek marche sur des oeufs puisque quatre des cinq constructeurs en lice pour le lucratif contrat fédéral figurent parmi ses clients : Lockheed Martin, Saab, Dassault et Boeing. En mai, Lockheed a nommé Héroux parmi ses 25 meilleurs fournisseurs pour le F-35.

GROS AVION, GROS CONTRAT

L'entreprise a par ailleurs souligné jeudi la livraison, le mois dernier, du premier train d'atterrissage qu'elle a fabriqué pour le gros porteur 777 de Boeing. Avec ce contrat, le plus important de toute l'histoire d'Héroux-Devtek, l'entreprise remplacera le géant américain United Technologies comme principal fournisseur de trains d'atterrissage pour le 777, et ce, à partir de l'an prochain.

« Nous prouvons à l'industrie aéronautique que nous pouvons fabriquer le plus grand train d'atterrissage au monde, s'est félicité M. Labbé. Il n'y a donc plus de véritable limite pour Héroux-Devtek. »

L'entreprise cherche de plus en plus à mettre au point ses propres produits plutôt que d'être un simple fabricant de composants conçus par d'autres. Elle travaille actuellement au développement de trains d'atterrissage pour l'avion-hélicoptère italien AW609, le chasseur coréen KF-X, l'hélicoptère américain CH-53K et le chasseur suédois Gripen E.

Gilles Labbé a tenu à saluer Jean-Louis Fontaine, qui a quitté jeudi le conseil d'administration d'Héroux-Devtek après un mandat de 26 ans. Gendre de Joseph-Armand Bombardier, M. Fontaine a travaillé chez Bombardier pendant 24 ans. En 1985, il avait présidé à la vente d'Héroux, alors une filiale de Bombardier, à un groupe d'investisseurs dirigé par M. Labbé.