Le nouveau régime forestier québécois n'est pas reconnu à sa juste valeur dans les négociations entourant le renouvellement de l'entente sur le bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis, estime une nouvelle coalition qui comprend le gouvernement Couillard.

À la veille du Sommet des leaders nord-américains, le regroupement y est allé d'une sortie, mardi, afin d'accentuer la pression sur le gouvernement Trudeau dans cet épineux dossier.

Également formée de l'industrie forestière, de représentants municipaux, d'associations patronales et de syndicats, la coalition a rappelé, en conférence de presse, que la province refusait les quotas ainsi l'imposition de tarifs douaniers sur ses exportations de bois d'oeuvre aux États-Unis, une position qui ne fait pas l'unanimité dans l'Ouest canadien.

Reconnaissant qu'il y avait «urgence d'agir», la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, n'est toutefois pas allée jusqu'à dire que le Québec était mal représenté à la table des négociations.

«Quand on est pionner dans un domaine, ce qui se produit, c'est qu'on n'est pas nécessairement les premiers considérés dans les échanges», a-t-elle affirmée, aux côtés de son collègue aux Forêts, Laurent Lessard.

Reprenant leur discours, les deux ministres ont répété que l'instauration du système d'enchère dans le nouveau régime forestier québécois en avril 2013 répondait aux exigences américaines en matière de libre-échange.

La coalition estime que le premier ministre Justin Trudeau doit profiter du passage du président américain, Barack Obama, dans la capitale fédérale afin de le sensibiliser à cette question.

«Le régime québécois est l'antidote parfait au discours sur la concurrence déloyale dénoncée par les Américains, a dit M. Lessard. Ça serait curieux qu'une entente ne reconnaisse pas le régime québécois.»

Jusqu'à présent, la période de 100 jours de négociations soutenues - échue depuis la semaine dernière - entre les deux nations n'a mené à aucune entente et d'importantes différences persistent. De plus, M. Trudeau a clairement laissé entendre qu'il serait surprenant d'effectuer une annonce positive à court terme.

Même si l'accord est échu, les autorités américaines ne peuvent imposer de tarifs douaniers sur les produits canadiens du bois avant la mi-octobre, en vertu d'une période de grâce de 12 mois en vigueur depuis la fin de l'ancienne entente.

Toutefois, faute d'un nouvel accord, certains analystes financiers s'attendent à l'imposition d'un tarif douanier pouvant atteindre au moins 25 % d'ici la deuxième moitié de 2017.

Ils estiment également que l'élection présidentielle américaine puisse retarder la conclusion d'une entente, ce qui n'a pas semblé inquiéter les membres de la coalition.

«Le bois d'oeuvre est le principal facteur de désaccord entre le Canada et les États-Unis, a dit le président de Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Éric Tétreault. Soyez assuré que les Américains vont voir le dossier revenir. On pense que c'est mieux de le régler plus vite que trop tard.»

De son côté, le ministre des Forêts a estimé que même si une entente «ne pointe pas à l'horizon», il serait important pour le Canada et les États-Unis de «tabler sur des principes» qui respectent les demandes du Québec.

L'accord de 2006 entre le Canada et les États-Unis sur le bois d'oeuvre s'était conclu après cinq ans de batailles devant les tribunaux.

Au Québec, le secteur forestier compte quelque 60 000 emplois directs et représente 11,7 % des exportations totales de la province.

Outre le gouvernement Couillard, la coalition regroupe le Conseil de l'industrie forestière du Québec, l'Alliance Forêt boréale Québec-Ontario, la Fédération des chambres de commerce du Québec, Manufacturiers et Exportateurs du Québec, le Conseil du patronat du Québec, l'Union des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités, la Fédération de l'industrie manufacturière de la Confédération des syndicats nationaux, Unifor-Québec et la Centrale des syndicats démocratiques.