La fermeture subite des deux dernières usines du fabricant d'isolants thermiques (thermos) de fenêtres Industries Cover fait craindre le pire pour ses 300 travailleurs au Québec.

Le 17 avril, Industries Cover a fermé ses usines d'Anjou et de Saint-Agapit, de même que son bureau administratif d'Anjou.

«Les usines de Cover sont actuellement inopérantes, explique dans un message téléphonique Dave Kutta, qui se présente comme le responsable de la restructuration chez Industries Cover. Leur sort sera décidé dans plusieurs semaines. Un avis sera alors émis.»

Un incendie criminel a pris naissance dans les bureaux administratifs de l'usine d'Anjou le 29 avril. La police poursuit son enquête.

En octobre dernier, l'entreprise avait déjà fermé temporairement ses deux autres usines du Québec, à Baie-Saint-Paul et à Saint-Apollinaire, où travaillaient 80 personnes. Le syndicat, affilié à l'International, a déposé des griefs à la Commission des relations du travail concernant ces deux fermetures, l'employeur n'ayant toujours pas payé les indemnités de départ.

Au sujet des fermetures récentes à Anjou et Saint-Agapit, un avis de licenciement collectif a été envoyé au ministre de l'Emploi le 17 avril. Selon l'avis, la raison de la fermeture serait le manque de travail, selon le conseiller syndical à l'International Stéphane Bédard, mais la véritable raison serait tout autre, selon ce dernier.

«C'est une chicane entre actionnaires», soutient M. Bédard dans un entretien. Cover appartient à 75% à l'américaine Guardian et à 25% à Gestion J&N Boudreault.

Cover a changé ses produits en 2011, et ceux-ci se sont avérés de mauvaise qualité. Le fabricant de portes et fenêtres Jeld-Wen poursuit d'ailleurs Cover pour 4,6 millions en vertu de la responsabilité du fabricant associée aux produits. Jeld-Wen n'est pas le seul client à éprouver des ennuis avec les thermos de Cover.

Un remplacement coûteux

La maison mère est à ce point inquiète du taux de retour des produits de 2011 sous garantie qu'elle a demandé la faillite volontaire de la société en août 2014.

Une étude commandée par Guardian conclut que le remplacement de la totalité de la production de 2011, soit 680 000 unités selon les termes de la garantie de 15 ans associée au produit, coûterait au fabricant la somme de 37 millions en dollars de 2014.

Les Boudreault ont rappliqué en obtenant d'un juge l'annulation de la demande de faillite volontaire en janvier 2015. Ils ont fait valoir que la manoeuvre de Guardian visait aussi à éviter de payer 18 millions qu'elle doit verser aux Boudreault en vertu d'une convention entre actionnaires.

La fermeture de Cover embête les vitriers de la province qui ne savent plus où s'adresser pour faire respecter les garanties. L'Association de vitrerie et fenestration du Québec a convoqué une réunion d'information jeudi à Drummondville pour informer ses membres des derniers rebondissements. Son président Gilbert Lemay n'a pas rappelé La Presse Affaires.