SNC-Lavalin affirme que son président et chef de la direction ne tentait pas d'intimider les autorités en évoquant le démantèlement ou la vente de l'entreprise si elle devait faire l'objet de sanctions en lien avec la corruption.

«L'intention n'a jamais été de faire du chantage, a expliqué mercredi son vice-président marketing, stratégie et relations extérieures, Erik Ryan, en entrevue téléphonique. Ça ne s'est jamais voulu une menace à qui que ce soit.»

La veille, en entrevue au Globe and Mail, Robert Card a suggéré que le dépôt d'accusations pourrait forcer le démantèlement ou la vente de la firme d'ingénierie à des intérêts étrangers, ce qui menacerait les quelque 5000 emplois de son siège social montréalais.

Selon l'entreprise, M. Card ne faisait que discuter de scénarios hypothétiques qui auraient été considérés par toute compagnie qui ferait face à des pénalités l'empêchant de décrocher des contrats publics au Canada.

«Comme gestionnaire d'une compagnie publique, il faut regarder tous les scénarios possibles parce qu'on doit faire ce qui est le mieux pour nos actionnaires, a dit M. Ryan. Il y a eu discussions, mais pas d'annonce.»

À maintes reprises, ce dernier a réitéré que SNC-Lavalin [[|ticker sym='T.SNC'|]]  n'avait aucunement l'intention de mettre fin à ses activités.

«Ce n'est pas une solution qu'on explore, a dit M. Ryan. Notre responsabilité est de faire ce qu'il y a de mieux pour les actionnaires. Là, c'est de s'assurer d'avoir un programme d'éthique de classe mondiale.»

Visée par des allégations de malversation au Canada, en Algérie, en Libye et au Bangladesh, SNC-Lavalin a vu sa réputation être sérieusement entachée depuis deux ans et plusieurs de ses anciens dirigeants ont été arrêtés.

Une enquête interne a notamment mené à la démission de l'ex-président et chef de la direction Pierre Duhaime, maintenant accusé de fraude en lien avec un montant de 22,5 millions $ qui aurait été utilisé pour obtenir le contrat du Centre universitaire de santé McGill.

De plus, la semaine dernière, l'ancien vice-président Riadh Ben Aïssa a écopé d'une peine de trois ans de détention en Suisse pour des actes de corruption et de blanchiment, liés à des affaires conclues en Libye.

SNC-Lavalin dit continuer de collaborer avec les paliers de gouvernement ainsi que les autorités et espère avoir remboursé d'ici la fin de l'année certains montants obtenus grâce à la malversation.

«Il y a eu un changement de gouvernement (au Québec) et l'agenda législatif est revisité, ce qui est normal, a expliqué M. Ryan. Nous souhaitons toujours avoir réglé en 2014.»

Le gouvernement Couillard se penche toujours sur la nouvelle mouture du projet de loi 61 visant principalement le recouvrement de sommes payées injustement par des organismes publics relativement à l'industrie de la construction.

M. Ryan a par ailleurs indiqué que la firme d'ingénierie n'avait pas été informée de quoi que ce soit par les autorités concernant le dépôt de possibles accusations criminelles qui pourraient l'empêcher de soumissionner sur des contrats publics.

«Nous avons plusieurs contrats avec le fédéral, a-t-il affirmé. Nous nous sommes remis à jour et nous respectons les nouvelles normes du gouvernement (adoptées en 2012).»

Sans minimiser l'ampleur des scandales qui ont ébranlé SNC-Lavalin, Maxim Sytchev, de Dundee Securities, a estimé que les commentaires de M. Card ont été «pris hors contexte».

Dans une note, l'analyste évoque des cas survenus dans le passé où des entreprises impliquées dans des scandales de corruption ont écopé de pénalités financières plutôt que de ne plus avoir le droit de soumissionner sur des contrats.

D'après M. Sytchev, les moyens mis de l'avant par SNC-Lavalin pour assainir ses pratiques devraient jouer en faveur de l'entreprise.

«Nous ne voyons pas comment les autorités canadiennes ne pourraient pas tenir compte de ces facteurs lorsque viendra le temps de déterminer une (possible) sanction», écrit-il.

À la Bourse de Toronto, le titre de SNC-Lavalin a glissé de 85 cents mercredi pour terminer la séance à 51,09 $.