«Nous pourrions doubler notre chiffre d'affaires avec ce que nous avons maintenant comme usines à Terrebonne et au Montana, avec une bonne rentabilité.»

Le président du conseil et chef de la direction du groupe métallurgiste ADF [[|ticker sym='T.DRX'|]], Jean Paschini, est impatient d'en finir avec la récession dans le marché nord-américain des structures d'acier de haute technicité.

D'autant qu'il a hâte de mettre à l'épreuve les nouvelles capacités de production chez ADF - une usine de 30 millions au Montana, pour le marché de l'Ouest - alors que son marché d'origine, dans l'est du continent, reprend lentement de la vigueur.

«J'en ai connu, des récessions, au fil de ma carrière, mais qui duraient habituellement autour d'un an. Cette fois-ci, la récession démarrée en 2008 [après la crise financière] s'est éternisée sur cinq ans, jusqu'à la fin de l'an dernier!», indique M. Paschini lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

«Mais c'est du passé, ça. Depuis quelques mois, aux États-Unis surtout, on voit la relance de nombreux projets importants en structure d'acier complexe, notre spécialité et notre renommée chez ADF. C'est pourquoi je peux dire à nos gens dans l'entreprise et aux autres actionnaires que les cinq à huit prochaines années s'annoncent très bonnes.»

Selon M. Paschini, le nombre d'appels d'offres pour divers types de projet est en nette hausse, quoiqu'il demeure inférieur de 40% environ au niveau record d'avant la crise financière de 2008.

Aussi, le marché des structures d'acier demeure affecté par des prix inférieurs aux attentes parmi les fournisseurs.

Cette conjoncture encore difficile explique, selon eux, pourquoi le carnet de commandes d'ADF, à seulement 24 millions au 30 avril dernier, est à son plus bas depuis des années.

Gros projets

«Nous avons plusieurs gros projets dans l'est des États-Unis, surtout, qui sont en fin de négociations. Nous prévoyons des annonces au cours des prochaines semaines», affirme Jean Paschini.

Pendant ce temps, dans l'Ouest, le démarrage de sa nouvelle usine du Montana permet à ADF d'élargir son démarchage de contrats au-delà de son premier marché cible, celui des grosses usines de production pétrolière et gazière.

Et ce, souligne M. Paschini, alors que se multiplient les projets de structures d'acier dans les secteurs commercial et industriel, ainsi que dans les infrastructures publiques dans tout l'Ouest, jusque dans les régions métropolitaines de la côte du Pacifique.

«Nous avons maintenant une capacité industrielle de pointe située à quelques heures de route de ces marchés, alors qu'ils repartent assez fort.»

Avec ces ambitions, le chef de la direction d'ADF anticipe que sa nouvelle usine du Montana pourrait doubler presque son effectif initial d'ici un an, pour atteindre les 150 employés.

Convaincre les partenaires

D'ici quelques années, cette usine pourrait contribuer autant aux résultats d'ADF que son usine principale de Terrebonne, en périphérie nord de Montréal. À ce moment, anticipe M. Paschini, ADF serait rendue à un chiffre d'affaires de l'ordre «de 175 à 200 millions par an, tout en maintenant un bon niveau de rentabilité».

Mais avant d'en arriver là, le président du conseil et chef de la direction d'ADF et ses principaux adjoints, dont son frère Pierre, président et chef de l'exploitation, et sa soeur Marise, vice-présidente et trésorière, devront continuer d'en convaincre leurs principaux partenaires d'affaires.

À commencer par les autres actionnaires de l'entreprise qui, après un gros redressement de valeur boursière de presque 100% en 2013, doivent composer avec un repli de 20% environ depuis le début de l'année.

«Nos actionnaires et nos principaux partenaires savent que notre stratégie d'affaires n'est pas de faire des annonces toutes les deux semaines avec de nouveaux contrats à tout prix, mais bien de se concentrer sur des contrats où nous aurons une bonne marge bénéficiaire», souligne le chef de la direction financière d'ADF, Jean-François Boursier.

«Malgré la récession des dernières années dans notre secteur, cette stratégie nous a permis de garder un bon bilan [dette minime, surplus de liquidités] tout en réalisant des investissements importants au Montana et à Terrebonne.»

GROUPE ADF EN BREF

Activités: fabrication de structures d'acier de haute technicité

Siège social: Terrebonne

Effectif: 350 employés en tout à Terrebonne, au Montana et en Floride

Revenus : 105,1 millions (4 derniers trimestres au 30 avril) (+ 114% en un an)

Bénéfice net: 8,5 millions (perte de 3,2 millions il y a un an)

Valeur boursière: 84,8 millions (au 17 juin)

Principaux actionnaires: famille Paschini (80%), Marshall-Barwick (Toronto, 10%), Fiera Capital (Montréal, 9%)

DE LA RELÈVE

La troisième génération de Paschini acquiert de l'expérience dans la gestion de l'entreprise métallurgique fondée par le grand-père, Giacomo, en 1956.

En fait, ils sont sept dans diverses fonctions du Groupe ADF. Et c'est une équipe des petits-enfants du fondateur qui a dirigé l'élaboration et la réalisation du projet d'usine au Montana.

«L'entreprise est beaucoup plus complexe à gérer maintenant que lorsque mon frère, ma soeur et moi avons pris la relève de notre père en 1980, dit Jean Paschini. Pour que nos enfants soient prêts à prendre la relève à leur tour, il leur faudra encore beaucoup de travail et d'expérience. Mais c'est là où nous voulons les amener, avec un bon accompagnement.»

FORCES

> Bilan financier fort avec dette minime et bonnes liquidités

> Démarchage de contrats discipliné et favorisant la rentabilité

> Gestion éprouvée et flexible des capacités de production

FAIBLESSES

> Volatilité du carnet de commandes

> Rentabilisation à faire d'une nouvelle usine de 30 millions au Montana

> Marché en sortie de longue récession et de pression baissière sur les prix