La restructuration financière d'une entreprise britannique a des répercussions jusqu'à Montréal avec la mise en faillite de sa filiale spécialisée dans le démantèlement de structures industrielles. Au total, 150 personnes perdent leur emploi.

EDS Decommissioning Canada a cessé subitement ses activités sur ses trois chantiers canadiens lundi soir. Les employés poussés au chômage n'ont pas reçu leur dernière paie.

Une partie de la ferraille en provenance des chantiers d'EDS qui devait traverser l'Atlantique à bord du navire Clipper Marissa était encore sur le quai numéro 10 au port de Trois-Rivières, en après-midi hier.

Au Québec, EDS avait le mandat de démanteler la centrale thermique d'Hydro-Québec à Sorel-Tracy. Les deux autres chantiers sont situés en Ontario et en Alberta.

«J'ai cinq de mes collègues qui ont dû payer leur billet d'avion de leur poche pour revenir mercredi à Montréal», a dit un ex-employé d'EDS qui travaillait sur un projet pour Nexen à Calgary.

Notre interlocuteur a eu plus de chance, car son billet avait déjà été payé. «On sentait que ça n'allait plus dans les dernières semaines. Mon concierge à Calgary me courait après parce que la compagnie ne payait plus le loyer de mon logement», a-t-il indiqué.

Le retour à Montréal pressait. Éric Tadros, de PricewaterhouseCoopers, qui agit comme syndic, l'avait averti mardi qu'il devenait seul responsable des dépenses encourues dorénavant.

Ni Philippe Jordan ni Éric Tadros, de PwC, n'ont rappelé La Presse Affaires hier.

Le montant des dettes d'EDS dépasse les 18 millions, tandis que l'actif se chiffre à 3,9 millions, d'après un document du Bureau du surintendant des faillites du Canada.

Mais que s'est-il passé?

EDS a été achetée par Silverdell de Grande-Bretagne en mai 2012. Endetté, Silverdell, un spécialiste de l'enlèvement de l'amiante, était géré par son créancier HSBC depuis l'été dernier. Mardi, HSBC a annoncé avoir vendu à perte des dettes de 16 millions de livres (27,8 millions de dollars canadiens) à un redresseur d'entreprises, Rcapital Partners. La même journée, Silverdell annonçait que la filiale canadienne se plaçait sous la loi sur la faillite.

«Pour sauver les activités en Angleterre, ils nous ont mis en faillite au Canada», a dit, dépité, un autre employé d'EDS que nous avons joint au téléphone hier. Il ne veut pas non plus être identifié. «Tous les contrats que l'on avait, c'étaient des bons contrats.»

Celui d'Hydro devait rapporter à Silverdell 12 millions de livres (19 millions en dollars canadiens au taux de change en vigueur en janvier 2013), d'après un communiqué publié il y a un an. Les travaux ont commencé au deuxième trimestre et devaient se terminer à la mi-2014.

En cinq ans, EDS a procédé au démantèlement des installations de Norsk Hydro à Bécancour, de Trimag à Boisbriand, de Magnola à Danville, d'IOC à Sept-Îles et de Gaspésia à Chandler.