Lise Watier Cosmétiques a un nouveau patron. Le Français Pierre Plassard devient président et chef de la direction.

Hier matin, en conférence de presse, Lise Watier n'a pas caché ses larmes en annonçant que son mari Serge Rocheleau et elle cédaient leur place à la direction de l'entreprise fondée en 1972.

«C'est au tour de la jeunesse de prendre les rênes de l'entreprise qui a de grandes ambitions, souligne-t-elle. J'ai l'âge de la retraite. Place aux jeunes! Mais tous mes employés vont me manquer. C'est difficile de laisser des gens qui m'ont accompagnée pendant de nombreuses années.»

La fondation en priorité

Le couple conserve toutefois ses actions dans l'entreprise et sa place au sein du conseil d'administration. À 70 ans, Lise Watier compte désormais se consacrer à temps plein à la fondation qui porte son nom et qui vient en aide aux femmes démunies, notamment dans le quartier Hochelage-Maisonneuve de Montréal, et qui existe depuis deux ans et demi.

«Celle-ci me tient énormément à coeur, dit-elle. J'ai du travail jusqu'à la fin de mes jours pour aider les femmes à sortir de leurs dépendances. C'est mon ambition, tant que Dieu me donnera la santé.»

Pierre Plassard, 45 ans, a auparavant travaillé pour le Groupe L'Oréal - division Cosmétique active (Vichy, La Roche-Posay) en France, au Maroc, en Pologne, en Chine, puis dans le secteur du voyage. «J'ai été touchée par l'humilité et les qualités de rassembleur de cet homme, confie Mme Watier. Je suis une émotive, mais je pense avoir fait le bon choix.»

Croissance internationale

Pierre Plassard cible à la fois une croissance canadienne, en misant particulièrement sur les soins du visage, et une croissance internationale.

«J'y crois, même si c'est un grand défi, affirme-t-il. Je veux qu'on ait une grande marque internationale. On aimerait un jour avoir le même chiffre d'affaires au Canada et ailleurs. On a, par exemple, une occasion énorme de développer une ligne antivieillissement. La marque a déjà été présente à l'étranger, au Mexique et en Russie notamment. Mais ça n'a pas fonctionné, car on n'avait ni les bons partenaires ni les bons distributeurs.»

Pas de relève familiale

Chez Lise Waiter Cosmétiques, la relève familiale n'était pas envisageable depuis longtemps. Et assurer une direction féminine, compte tenu de la position de pionnière de Lise Watier dans le milieu entrepreneurial au Québec, n'était pas obligatoire aux yeux de la fondatrice.

«Dans le processus de sélection, je n'ai jamais fait de différence entre hommes et femmes, soutient Lise Watier. C'était: que le meilleur gagne! Les consommatrices demeurent notre raison d'être et c'est pour elles que M. Plassard va travailler. Une femme m'a déjà remplacée et ça n'a pas été concluant.»

Marie-Lise Andrade, aînée de Lise Watier, demeure directrice générale de la Fondation Lise Watier. Et Lise Watier Cosmétiques (dont les ventes s'élèvent à 90 millions de dollars) reste la propriété de la société d'investissements ontarienne Imperial Capital Corporation, qui a acquis l'entreprise de 175 employés en 2007.