GE Aviation veut mettre fin au monopole de Pratt & Whitney Canada (P&WC) en lançant un moteur pour les avions régionaux turbopropulsés.

P&WC entend se défendre avec sa grande connaissance du marché et avec le développement d'un moteur pour les gros appareils turbopropulsés.

Le directeur général de l'aviation régionale chez GE Aviation, Allen Paxson, a profité du congrès annuel de la Regional Airline Association (RAA), qui s'ouvrait hier à Montréal, pour faire le point sur son projet de moteur destiné à une nouvelle génération d'appareils turbopropulsés.

«Nous n'avons pas encore de client pour ce moteur, mais notre stratégie, c'est d'être prêt», a déclaré M. Paxson aux journalistes.

Le moteur, que GE a d'abord développé pour le marché militaire, pourra être utilisé dans des conditions difficiles. Il devrait offrir des économies de carburant de 15% par rapport aux moteurs existants. Ce moteur pourrait prendre son envol en 2018.

À l'heure actuelle, c'est P&WC qui motorise les deux seuls appareils régionaux turbopropulsés en production, le Q400 de Bombardier et l'ATR de la société européenne Avion de transport régional.

«C'est sûr qu'ils vont essayer [de mettre fin au monopole de P&WC], mais nous demeurons confiants, a déclaré le vice-président au marketing de P&WC, Richard Dussault, en entrevue avec La Presse Affaires à l'occasion du congrès de la RAA. Nous connaissons le marché. Nous avons les éléments technologiques pour créer un produit qui va répondre aux besoins du marché.»

Il a rappelé qu'au cours des années, P&WC avait fait certifier 37 modèles de turbopropulseur. «C'est quelque chose qui permet aux clients d'avoir confiance de pouvoir réduire le risque de tout nouveau programme.»

P&WC travaille sur un nouveau moteur qui pourrait équiper un nouvel appareil turbopropulsé de 90 places.

«Nous sommes bien positionnés dans le marché des appareils de 70 places, a indiqué M. Dussault. Les appareils de 90 places nécessiteront un moteur de nouvelle génération. Pour nous, c'est un bon point dans le marché pour investir.»

Il a déclaré que P&WC anticipait le lancement d'un tel appareil en 2014, pour une entrée en service en 2019 ou 2020.

Le vice-président aux ventes et au marketing d'ATR en Amérique du Nord, Mark Neely, a rappelé aux journalistes hier qu'ATR avait fourni à ses actionnaires, EADS et Alenia Aermacchi, un plan d'affaires pour le lancement d'un appareil turbopropulsé de 90 places.

Bombardier est beaucoup plus hésitante à l'idée d'offrir un tel appareil.

Le vice-président aux ventes et au marketing de Bombardier Avions commerciaux, Chet Fuller, a rappelé à La Presse Affaires que tout nouveau programme nécessitait d'énormes investissements. Il faut donc que le marché le justifie.

«À deux, Bombardier et ATR produisent seulement 200 avions turbopropulsés par an, a-t-il déclaré. C'est difficile de justifier un gros investissement.»

Il a indiqué qu'entre simplement rafraîchir son appareil de 70 places et développer un tout nouvel appareil, il y avait un éventail de solutions qui pourraient permettre de donner satisfaction aux clients.

Embraer pourrait se lancer aussi dans le développement d'un nouvel appareil turbopropulsé, mais ce n'est pas pour demain.

«C'est sur notre écran radar, mais c'est pour plus tard, après le développement de notre biréacteur de deuxième génération, a déclaré aux journalistes le président et chef de la direction d'Embraer Avions commerciaux, Paulo Cesar de Souza e Silva. Nous regarderons ça en 2020, avec la nouvelle technologie en fait de moteurs.»