Une partie de la solution pour enrayer les commotions cérébrales au hockey se trouve-t-elle dans une usine des Laurentides?

En plus de faire les pièces d'équipement pour les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), les 100 employés en recherche et développement de Bauer à Saint-Jérôme travaillent à concevoir des casques pour minimiser les commotions cérébrales. «Avant, l'objectif n'était que d'obtenir la certification de sécurité. Maintenant, on tente de minimiser les impacts à la tête dans tous les sens, surtout quand on sait que 80% des impacts proviennent des chocs qui ne semblent pas violents. Le casque limite aussi les mouvements de la tête, ce qui cause les commotions», dit Kevin Davis, PDG de Bauer Performance Sports, de passage à Montréal mardi dernier.

Bauer, qui a lancé un nouveau casque Re-Akt il y a un an, est consciente de ne pouvoir régler seule l'enjeu des commotions cérébrales au hockey. «Les médecins sont catégoriques, aucun casque ne pourra prévenir complètement les commotions cérébrales, mais nous faisons partie de la solution, tout comme de meilleurs traitements médicaux et des changements aux règlements», dit Kevin Davis.

L'enjeu des commotions cérébrales illustre bien l'importance de l'usine de Saint-Jérôme pour Bauer, qui y concentre 95% de ses activités de recherche et développement. Environ 100 des 600 employés de Bauer travaillent à son usine des Laurentides, l'une de ses neuf usines dans le monde. Quand Nike a acheté Bauer en 1994, l'entreprise avait 1200 employés à Saint-Jérôme, selon la FTQ, mais la plupart de ces emplois manufacturiers ont pris le chemin de l'Asie. «Nos investissements à Saint-Jérôme sont significativement plus importants aujourd'hui», dit Kevin Davis, Américain de 46 ans.

Des chandails Bauer dans la LNH?

Après avoir payé 430 millions de dollars en 1994, Nike a vendu Bauer pour 200 millions en 2008 à un consortium dirigé par l'homme d'affaires montréalais Graeme Roustan, celui-là même qui veut construire un amphithéâtre à Markham, en Ontario. Mais depuis deux ans, Bauer est de retour en Bourse, où son titre s'est apprécié de 64% depuis un an.

Pour l'année 2011-2012, Bauer, dont le siège social est situé dans le New Hampshire, détenait 52% des ventes mondiales d'équipement de hockey, mais l'entreprise ne compte pas s'asseoir sur ses lauriers. Elle se préoccupe du fait que de moins en moins d'enfants jouent au hockey. «Au lieu de mettre toute notre énergie pour comprendre les raisons pour lesquelles des enfants abandonnent le hockey, il faut aussi comprendre pourquoi 90% des enfants en âge en jouer ne pratiquent pas le hockey», dit Kevin Davis.

Si le lock-out de la LNH n'a pas eu d'effets sur les ventes («le lock-out touche les 600 joueurs de la LNH, mais 6 millions d'enfants continuent à jouer au hockey», dit Kevin Davis), Bauer compte sur le circuit Bettman pour miser sur une nouvelle manne de revenus: les chandails de hockey. Reconnue pour ses pièces d'équipement, l'entreprise fondée à Kitchener, en Ontario, en 1927 veut se lancer dans la fabrication de chandails. Et pour faire mousser ses ventes, elle a l'oeil sur le contrat de commandite des chandails officiels des équipes de la LNH, qui viendra à échéance dans deux saisons. «Nous serons à la table de négociations pour le prochain contrat», dit Kevin Davis, qui a acheté la PME torontoise Inaria, spécialisée dans les uniformes, en octobre dernier pour 7 millions de dollars.