Le constructeur d'engins de chantier Caterpillar (CAT) a provoqué un nouveau choc en Belgique en annonçant jeudi la suppression de 1400 emplois, assombrissant encore plus le climat social après la fermeture prévue d'une usine Ford et une restructuration chez ArcelorMittal.

«J'exprime ma solidarité et mon profond soutien aux travailleurs», a réagi sur Twitter le premier ministre socialiste Elio Di Rupo, en précisant qu'il recevrait les représentants des syndicats en fin d'après-midi à Bruxelles.

Lors d'un comité d'entreprise extraordinaire, la direction de la filiale belge du géant américain a annoncé son intention de «remettre son usine» de Gosselies, près de Charleroi, «sur la voie de la compétitivité à long terme».

Sur les 3700 salariés, 1100 ouvriers et 300 employés administratifs devraient perdre leur emploi, a expliqué la direction, qui entend simultanément «investir dans des outils de production plus performants» et se «séparer de certaines opérations» les moins compétitives.

«À l'heure actuelle, l'usine fabrique principalement des machines destinées à l'Europe, un marché où les perspectives de croissance sont limitées et où le ralentissement économique qui persiste depuis plusieurs années met sous pression l'industrie dans laquelle elle est active», a expliqué le groupe.

«La structure de coûts de Caterpillar Gosselies est trop élevée. Il serait moins coûteux d'importer des machines en Europe depuis d'autres usines du groupe que de les fabriquer à Gosselies», a ajouté le groupe.

Principal centre de production Caterpillar en Europe, cette usine, qui fabrique notamment des excavatrices, est l'un des plus gros employeurs de Wallonie (sud), une région où le taux de chômage est particulièrement élevé, atteignant plus de 25% dans l'agglomération de Charleroi, un ancien bassin industriel déjà touché par le déclin de la sidérurgie.

La Belgique a déjà dû encaisser ces derniers mois l'annonce notamment de la fermeture en 2014 de l'usine Ford de Genk, où 10.000 emplois directs et indirects vont être supprimés, tandis que la fermeture d'une part importante de la «phase à froid» du sidérurgiste ArcelorMittal à Liège affectera 1300 personnes.

Des responsables belges ont de nouveau appelé à une action concertée au niveau de l'Union européenne. «Il est urgent et indispensable de repenser la politique industrielle au niveau européen», a déclaré le ministre wallon de l'Économie, le socialiste Jean-Claude Marcourt.

L'ampleur de la restructuration a surpris les syndicats, qui s'attendaient au pire à la suppression de quelque 850 emplois.

«L'insupportable nouvelle est tombée ce matin comme une lame de guillotine sur l'emploi wallon. La colère nous envahit à nouveau et l'écoeurement est à son comble», a réagi la CSC, premier syndicat du royaume, en soulignant qu'outre les 1400 emplois supprimés, quelque 190 contrats à durée déterminée ne seront pas reconduits.

En 2012, Caterpillar, premier constructeur mondial d'engins de chantier, a enregistré un bénéfice de 5,7 milliards de dollars, en hausse de 15%. «D'un point de vue opérationnel, 2012 a été une année réussie avec des ventes et un bénéfice record dans un environnement économique difficile», avait commenté son PDG, Doug Oberhelman lors de l'annonce des résultats fin janvier.