Le groupe américain de chimie DuPont (DD), engagé dans une profonde réorientation de ses activités, a fait mieux que prévu en 2012 et se veut optimiste pour 2013, grâce à la bonne santé de son activité phare, l'agrochimie, au Brésil et en Amérique du Nord.

Sur l'année écoulée, DuPont a enregistré une chute de près de 20% de son bénéfice net, à 2,78 milliards de dollars. Rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels, le bénéfice annuel par action est ressorti à 3,33 dollars, contre 3,29 dollars attendus en moyenne par les analystes.

Au quatrième trimestre 2012, le bénéfice net du chimiste a été divisé par plus de trois, à 111 millions de dollars, comparé à la même période il y a un an. Par action, il est de 11 cents, meilleur que les 7 cents prévus.

Les marchés émergents, dont le Brésil, et l'Amérique du Nord ont soutenu l'activité avec un chiffre d'affaires -- conforme aux attentes -- de 35,31 milliards de dollars, en hausse de 2,6% sur un an.

Sur les trois derniers mois, DuPont a pâti d'un effet de change défavorable et d'une baisse de la demande pour ses composants pour l'industrie photovoltaïque et pour son dioxyde de titane. Ses ventes se sont inscrites en légère baisse, à 7,57 milliards, mais ont été plus soutenues que les 7,26 milliards attendus.

À Wall Street, le titre DuPont gagnait 0,92% à 47,37 dollars dans les premiers échanges dans un marché à l'équilibre.

«DuPont est plus solide aujourd'hui qu'il ne l'était il y a un a», a commenté la PDG, Ellen Kullman, soulignant que les différentes branches du groupe ont réalisé des synergies de coûts. Mais, reconnaît-elle, la faiblesse des activités servant les marchés de l'électronique et des technologies de l'information «constitue un défi».

Le chiffre d'affaires de la chimie traditionnelle, deuxième activité du groupe, a reculé de 16% à 7,2 milliards de dollars, plombé par une moindre demande de dioxyde de titane, un pigment opacifiant. Les ventes du secteur électronique ont, elles, encore chuté, à 2,7 milliards de dollars.

Mais DuPont, l'un des plus gros groupes industriels du monde, a dit entrevoir des signes d'amélioration et s'attend à un rétablissement modeste de la demande d'oxyde de titane au premier trimestre, grâce à la Chine.

«Nous anticipons un redressement gradué», a commenté Mme Kullman lors d'une conférence téléphonique.

Confronté à une baisse de la demande mondiale dans ses activités traditionnelles, le chimiste, fondé en 1802 et basé à Wilmington dans le Delaware, a décidé d'abandonner celles-ci pour se concentrer sur d'autres jugés plus porteurs, comme les semences et les biocarburants.

Ces marchés sont tirés par la hausse de la production agroalimentaire mondiale, les besoins de protection des personnes et de l'environnement, la réduction de la dépendance aux énergies fossiles et l'envol des pays émergents.

DuPont a ainsi, en août dernier, cédé ses peintures pour le secteur automobile et pour l'industrie pour 4,9 milliards de dollars au fonds Carlyle.

Il a par la suite annoncé un plan de restructuration destiné à réaliser environ 450 millions de dollars d'économies avant impôts par an, dont 300 millions dès 2013. Ces économies passent par la suppression de 1500 emplois dans le monde et c'est la branche Sécurité et Protection qui devrait être la plus touchée.

Cette stratégie semble porter ses fruits.

Les ventes de la branche Agriculture (32% du chiffre d'affaires) ont augmenté de 14% à 10,4 milliards de dollars en 2012, portées par une hausse des prix des semences et ceux des insecticides et herbicides.

DuPont, jusqu'ici vague sur ses perspectives, a dit s'attendre pour l'année en cours à un bénéfice par action compris entre 3,85 et 4,05 dollars, soit un résultat meilleur que les 3,84 dollars prévus par les analystes. Cette prévision inclut un programme de rachat d'actions, a précisé le chimiste.

Il vise 36,0 milliards de dollars de ventes, conformément aux prévisions.

Pour y parvenir, DuPont va continuer à investir dans l'agriculture, la nutrition, les biosciences à usage industriel et les matériaux avancés.

DuPont s'est enfin dit attentif aux opportunités d'acquisitions qui se présenteront, notamment dans la santé et nutrition, mais les cibles, «doivent être très stratégiques», a insisté le groupe.