L'explosion des coûts de construction causée par les importants investissements miniers effectués cet été dans le Nord québécois ont contraint Tembec (T.TBC) à retarder de plusieurs mois un projet de 190 millions $.

En mars dernier, l'entreprise forestière a annoncé son intention de moderniser son usine de cellulose de Témiscaming, en Abitibi-Témiscamingue. Le projet prévoit le remplacement de trois vieilles chaudières par une nouvelle à la fine pointe de la technologie et l'installation d'une nouvelle turbine pour produire de l'électricité à partir de la vapeur générée par l'usine.

Or, l'entreprise a eu toute une surprise lorsqu'elle a vu les soumissions présentées par les entrepreneurs, il y a quelques mois.

«Les affaires ont été si bonnes pour ce type de travaux au cours des deux dernières années que les entrepreneurs en sont rendus à penser qu'ils peuvent demander le prix qu'ils veulent, faisant ainsi doubler, voire tripler, leurs marges bénéficiaires habituelles», a déclaré jeudi le grand patron de Tembec, James Lopez, au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

«Ce qui nous a vraiment frappés, c'est la quantité de temps supplémentaire à laquelle il aurait fallu nous engager pour rendre le projet attrayant aux yeux des travailleurs, a précisé M. Lopez. Si nous nous en étions tenus à notre plan de départ, il aurait été question de 25 à 35 pour cent d'heures supplémentaires pour l'ensemble du projet. Nous nous sommes dits que c'était complètement démesuré.»

Estimant qu'accepter de telles conditions aurait fait grimper de 10 à 15 millions $ le coût du projet, Tembec a décidé de prendre un temps d'arrêt. L'entrée en service de la nouvelle chaudière, qui devait se faire à la fin de 2013, a été repoussée au printemps 2014, juste avant le démarrage de la turbine.

L'entreprise prévoit que les investissements miniers ralentiront l'an prochain, ce qui devrait faire baisser les attentes financières des travailleurs et des entrepreneurs.

Rappelons que l'ancien gouvernement libéral avait consenti un prêt de 75 millions $ à Tembec pour ce projet. De plus, Hydro-Québec s'est engagé à acheter pendant 25 ans l'électricité excédentaire produite par la turbine au prix de 106 $ le mégawattheure, indexé selon l'indice des prix à la consommation.

Résultats

L'action de Tembec a par ailleurs dégringolé de 18,5 pour cent jeudi pour clôturer à 1,81 $, à la Bourse de Toronto, en raison de résultats jugés décevants par le marché.

À son quatrième trimestre, qui a pris fin le 29 septembre, l'entreprise montréalaise a essuyé une perte nette de 47 millions $ (47 cents par action) alors qu'elle avait enregistré une perte nette de 17 millions $ (17 cents par action) pendant la même période de l'an dernier.

Les résultats ont été grevés par une radiation d'actifs de 50 millions $ liée à une usine de pâte située en Colombie-Britannique.

En excluant cette charge ainsi que les intérêts, les impôts et l'amortissement, le bénéfice a atteint 23 millions $, comparativement à 19 millions $ au quatrième trimestre de l'an dernier et à 27 millions $ au troisième trimestre de cette année.

Le chiffre d'affaires s'est élevé à 443 millions $, en hausse de 5,2 pour cent.

Tembec a connu un bon trimestre dans les secteurs du bois et du papier, en raison principalement d'une hausse de la demande. En fait, les résultats de la division du bois ont été les meilleurs enregistrés depuis plusieurs années. Par contre, la rentabilité du secteur de la pâte a fortement reculé, les conditions de marché s'étant dégradées.

Pour l'ensemble de son exercice financier, l'entreprise a subi une perte nette de 82 millions $ (82 cents par action), contre une perte nette de 5 millions $ (cinq cents par action) l'an dernier. Le chiffre d'affaires a baissé de 4,4 pour cent pour s'établir à 1,67 milliard $.

Pour les prochains mois, Tembec entrevoit une amélioration de la situation dans le secteur de la pâte, mais une détérioration dans ceux du papier et du bois.