Le groupe américain de cosmétiques Coty a relevé son offre de rachat sur son concurrent en difficulté Avon (AVP) à 10,69 milliards de dollars et lui a fixé un ultimatum au 14 mai pour lui répondre, et à la fin du mois pour se décider.

Avon, groupe de cosmétiques mondialement connu et spécialiste du démarchage à domicile, a publié jeudi une lettre envoyée la veille par Coty. Ce dernier a relevé son offre de 23,25 dollars à 24,75$ par action soit un total de 10,69 milliards de dollars, contre 10 milliards auparavant.

Avon se contente de préciser que son conseil d'administration étudiera la proposition «en temps voulu», rappelant au passage que son chiffre d'affaires s'élève à 11 milliards de dollars.

Coty avait annoncé début avril qu'il cherchait à acquérir Avon, après deux offres faites dans la confidentialité. Dans une lettre au conseil d'administration (CA) d'Avon, Coty se dit «déçu par l'impasse actuelle» des négociations et rappelle son argument principal, à savoir qu'il veut former avec Avon un géant mondial de la beauté.

Dans sa lettre, signée du président non exécutif de son conseil d'administration, Bart Bercht, il conditionne l'augmentation de son offre à l'accès aux comptes d'Avon, qu'il réclame depuis trois semaines.

Coty rappelle les «difficultés opérationnelles et financières» d'Avon, «mises en évidence par vos résultats trimestriels et prévisions décevantes de même que les abaissements récents de vos notes de dette» et dit avoir besoin de «confirmer ses estimations de synergies».

Le patron de Coty insiste sur le fait que l'offre relevée représente une prime de 36% sur le cours d'Avon avant son offre initiale de 22,25$ et un milliard de dollars de plus pour ses actionnaires malgré des perspectives qui se sont aggravées».

Il indique aussi qu'il lui faut évaluer l'impact des enquêtes pour corruption pesant sur les activités d'Avon en Chine.

Avon a publié début mai une chute de 82% de son bénéfice net pour le premier trimestre à 26,5 millions de dollars, en raison de «pressions sur les prix».

Coty précise enfin que son tour de table inclurait son propriétaire, la famille austro-allemande Reimann, par l'intermédiaire de sa holding Joh. A. Benckiser.

Ses partenaires financiers comprennent également le fonds BOT Capital Partners, JPMorgan Securities ou encore Berkshire Hathaway, holding du milliardaire américain Warren Buffett, un nom qui apporte du poids à l'offre de rachat.

Coty, qui a dit ne pas vouloir passer à une offensive hostile, intime au CA d'Avon de répondre à cette «offre finale» d'ici au 14 mai et souligne que l'offre tient jusqu'au 31 mai, date jusqu'à laquelle lui et ses partenaires «sont préparés à travailler pour voir si nous avons une base d'accord mutuelle pour une transaction».

L'action d'Avon, dont la valeur a diminué de plus de moitié en un peu moins de quatre ans, reculait de 1,90% à 21,19$ vers 11h15, illustrant le scepticisme des investisseurs sur la perspective de succès de la fusion.

Avon a nommé début avril une nouvelle directrice générale, Sheri McCoy, venue du géant de la pharmacie et de produits de grande consommation Johnson & Johnson, pour tenter de redresser les ventes du groupe, en remplacement d'Andrea Jung, qui dirigeait Avon depuis 1999 et qui reste présidente du conseil d'administration.

Le groupe fondé en 1904 par le parfumeur français François Coty gère pour sa part un important portefeuille de marques de parfums et de produits de beauté (Adidas, Calvin Klein, Cerruti, Esprit, Pierre Cardin, Rimmel...). Coty, qui n'est pas coté en Bourse, revendique 4,5 milliards de dollars de ventes annuelles dans le monde, en hausse de 7%.