Ce n'était pas une très bonne idée de commencer à produire le F-35 avant d'avoir fini de le développer et de le tester.

> Suivez Marie Tison sur Twitter

Un comité mis sur pied par le département américain de la Défense a recensé une série de problèmes qu'il faudra corriger sur les appareils déjà produits, ce qui augmentera les coûts du programme.

Dans un rapport confidentiel obtenu hier par le Star-Telegramm de Dallas-Fort Worth et la publication spécialisée Flight Global, le comité recommande de mettre la pédale douce sur la production d'appareils avant la fin de la période de développement et d'essais.

«L'impact combiné de ces problèmes remet en question la permanence du design de l'appareil, indique le comité. L'équipe conclut que ce doute, combiné aux conséquences que représentent les corrections nécessaires, milite en faveur d'une sérieuse révision de la planification de la production et de l'approvisionnement.»

Le comité note que dans pratiquement tous les programmes réalisés pour le département américain de la défense, le développement n'est pas tout à fait terminé lorsque la production commence. Or, cet empiètement est beaucoup plus marqué dans le cas du F-35, le Joint Strike Fighter.

«Une nouvelle génération d'outils de design, de simulation et d'essais virtuels introduits dans les années 80 et 90 promettait des designs beaucoup plus matures que ce que pouvaient accomplir les méthodes traditionnelles», note le comité.

Ces outils ont tenu une partie de leurs promesses: au cours de son examen du programme du F-35, le comité n'a trouvé aucun problème fondamental qui justifie un arrêt immédiat de la production. Toutefois, il a trouvé cinq problèmes sérieux qui n'ont pas encore trouvé de solution définitive: le système de vision inclus dans le casque du pilote tremble trop, la pompe de largage de carburant fuit, des pièces du groupe de puissance intégré se sont brisées et ont percé un carburant d'essence, et le crochet censé retenir le F-35 lorsque celui-ci atterrit sur un porte-avion ne fonctionne pas. Le cinquième problème est confidentiel.

Le comité a indiqué que trois autres problèmes sont susceptibles d'apparaître lors des essais qui n'ont pas encore été réalisés. Le comité a finalement énuméré cinq problèmes additionnels qui ne sont pas très graves en soi, mais qui posent un défi important lorsqu'on les additionne.

Selon le comité, il faut de six mois à deux ans pour incorporer un changement dans les avions déjà produits. Et ces corrections représentent du temps et de l'argent. Jusqu'ici, le gouvernement américain a dû payer environ 136 millions US pour mettre en oeuvre des changements sur les trois premiers lots appareils déjà produits, soit une trentaine d'avions.

Le Pentagone n'a pas encore déterminé les coûts de correction du quatrième lot, qui comprend 31 appareils. Pour réduire ses dépenses, il a décidé de réduire de 35 à 30 le nombre d'appareils du cinquième lot.

«L'équipe recommande que toute décision liée à la production du F-35 soit liée à l'obtention de données suffisantes pour accroître la confiance dans la permanence du design de l'appareil», conclut le comité.

Le développement du F-35 devrait représenter un investissement de plus de 382 milliards US, ce qui en fait le programme de défense le plus coûteux de l'histoire.