«Ça dépasse les bornes. On va payer 5 millions à ses hauts dirigeants pour réparer des dégâts dont ils sont responsables. Cette entreprise a fait perdre 500 millions à ses actionnaires dans les deux dernières années!»

Délits d'initié: accusations graves chez Mega Brands

Michel Nadeau, l'ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt, a critiqué l'administrateur Paul Rivett, membre du comité de rémunération, d'avoir autorisé la rémunération versée cette année aux frères Marc et Vic Bertrand en 2011, à la période de questions de l'assemblée annuelle des actionnaires de Mega Brands [[|ticker sym='T.MB'|]].

M. Nadeau a pris la parole en sa qualité d'actionnaire de la société.

Quelques secondes auparavant, M. Rivett, par ailleurs vice-président et chef des services juridiques de Fairfax Financial Holdings, deuxième actionnaire de Mega Brands avec 13,25% des actions, avait défendu le programme de rémunération de la haute direction et avait demandé à la salle d'applaudir la direction pour cette «histoire à succès» qu'est devenue Mega Brands en 25 ans.

Mega Brands est ce fabricant montréalais des célèbres blocs de construction Mega Blok. Malgré son statut de second fabricant mondial de jeu de construction, la société a connu toutes sortes de difficultés financières depuis l'acquisition bâclée de Rose Art Industries en 2005.

Encore aujourd'hui, cette division plombe les résultats de l'entreprise.

En 2010, l'entreprise a procédé à une importante restructuration de son capital par laquelle elle a réduit sa dette de 290 millions au moyen d'un placement privé et d'une émission d'actions. Un actionnaire qui aurait investi 100$ dans Mega Brands en janvier 2006 a pratiquement tout perdu cinq ans plus tard.

«Les frères Bertrand auraient pu quitter l'entreprise, mais ils sont encore là aujourd'hui. Ils ont remis de l'argent dans la société, a dit M. Rivett, en réponse au coup de gueule de M. Nadeau. Ils travaillent à la relance de l'entreprise dont pourra profiter un jour l'ensemble des actionnaires.» Il a reproché à M. Nadeau de lancer de gros montants en l'air sans les nuancer. L'attribution d'unités d'action et d'options aux frères Bertrand est immédiate même si leur acquisition est répartie sur cinq ans.

M. Nadeau a condamné aussi le fait que les frères Bertrand ont dorénavant droit à un parachute doré de 11 millions de dollars s'ils quittent l'entreprise à la suite d'un changement de contrôle. Leur contrat de travail respectif prévoit en outre le paiement de cette somme si les frères démissionnent pour un motif valable, à savoir une réduction de la rémunération annuelle, une réduction importante des possibilités de toucher une prime, une réduction des fonctions ou des responsabilités.

Poursuite de 6,5 millions par l'AMF

On s'attendait à des flammèches à cette réunion qui s'est tenu dans un hôtel du centre-ville de Montréal, après l'annonce, mercredi, de la poursuite de l'Autorité des marchés financiers (AMF) de 6,5 millions pour délits d'initiés à l'encontre des frères Bertrand et de deux ex-dirigeants de Mega Brands. Hormis l'esclandre de M. Nadeau, l'assemblée a été des plus consensuelles.

Les accusations concernent des transactions sur l'action de Mega Brands que les accusés ont effectuées après la mi-décembre 2005. L'AMF leur reproche d'avoir tiré profit d'informations, alors inconnues du public, relaticement au décès d'un enfant survenu après avoir avalé des pièces aimantées d'un jouet de Rose Art.

Ventes en hausse au premier trimestre

Quant aux résultats financiers du premier trimestre 2011, le chiffre d'affaires de Mega Brands a progressé pour le sixième trimestre consécutif, cette fois de 4%, pour atteindre 51 millions US, en comparaison à 49,1 millions US, pour la même période il y a un an. Le premier trimestre est habituellement plus faible que les troisième et quatrième trimestres.

La société a déclaré une perte de 9,3 millions US, ou 3 cents US par action. L'an dernier, la société avait fait un bénéfice à la suite d'un gain non récurrent. Sous une base comparable, la perte nette au premier trimestre 2010 s'élevait à 27,7 millions US.

De janvier à mars, le secteur jouet a connu une croissance de 17%. Le jouet de construction fait mieux que le jouet en général dans l'industrie. Par contre, sa division papeterie et les produits d'activité reculent. La société travaille à corriger la situation. Les ventes internationales, notamment en Europe, sont en hausse de 23%. Mega Brands vend dans 100 pays. Marc Bertrand se dit confiant que l'entreprise sera rentable en 2011. Il vise des ventes annuelles de 500 millions d'ici quatre ans.

Investissement de 10 millions à Saint-Laurent

Le président et chef de la direction a profité de l'assemblée pour annoncer un investissement de 10 millions à son usine de l'arrondissement de Saint-Laurent, entre autres pour de l'équipement de moulage par injection. L'entreprise fait aussi fabriquer en Chine et au Tennessee. L'augmentation des coûts en Chine et des raisons de sécurité des approvisionnements poussent toutefois la société à augmenter la cadence à Montréal , dont l'usine fabriquera environ 40% des produits Mega Brands par rapport à 35% dans le passé. De l'embauche est aussi prévue. En période de pointe, Mega Brands emploie jusqu'à 1000 personnes à Montréal.