Malgré un huard au-dessus de la parité, les manufacturiers canadiens ont considérablement accru leur production et garni leur carnet de commandes en janvier.

La valeur de leurs ventes a bondi de 4,5%, à hauteur de 47,7 milliards de dollars, a fait savoir hier Statistique Canada. Il s'agit du meilleur score depuis octobre 2008, mois qui a marqué l'entrée du Canada en récession. L'agence a aussi révisé un peu à la hausse l'augmentation des ventes de décembre qui passe de 0,4% à 0,6%.

Tout semble indiquer qu'il ne s'agit pas d'un soubresaut dans la tendance à la stagnation qui s'était installée au début de 2010, mais du redressement souhaité depuis belle lurette.

Les nouvelles commandes ont bondi de 8,6%, ce qui annonce d'autres mois de croissance. «Étant donné la nature volatile des ventes des manufacturiers et de l'ampleur du gain observé en janvier, nous ne pouvons pas écarter la possibilité d'une contre-performance en février, prévient Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Il ne fait toutefois nul doute que les ventes demeureront, en moyenne, nettement à la hausse.»

S'il est indéniable que la poussée de 24% du segment automobile y est pour beaucoup, des augmentations ont été observées dans 17 des 21 segments de fabrication. En excluant l'auto, l'augmentation de 2,2% demeure appréciable.

Parmi les autres segments très performants, le bond de 25,2% de l'aérospatiale est bienvenu. Il explique en grande partie que les ventes des manufacturiers québécois ont augmenté de 7,4%, effaçant du coup le recul accumulé au cours de la dernière année. L'alimentation, la foresterie et les produits raffinés étaient aussi en hausse notable.

Fait des plus encourageants pour le Québec, la hausse des nouvelles commandes à l'échelle canadienne est en bonne partie concentrée dans le secteur aéronautique. Et cela ne tient pas compte de la commande de 50 avions d'affaires GlobalExpress passée par Netjet à Bombardier le 1er mars!

«L'Ontario et le Québec ont fait particulièrement bonne figure, signe que le redressement de la demande intérieure aux États-Unis stimule le secteur manufacturier canadien même si le huard fait de la haute voltige», estime Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

Pour la première fois, la valeur des commandes en carnet était à la hausse, à hauteur de 53,3 milliards. À moins d'annulation, elles feront partie de livraisons futures.

Autre signe indéniable d'un redressement, la valeur des stocks a grimpé de 1,2%, à 61,5 milliards, mais le rapport des stocks aux ventes est passé de 1,33 à 1,29, le niveau le plus faible depuis juillet 2008.

Cela signifie que les entreprises avaient de quoi soutenir le niveau actuel de leurs ventes durant 1,29 mois. Il s'agit du rapport le plus faible depuis juillet 2008, mois qui correspond aussi au sommet absolu des livraisons manufacturières, soit 53,2 milliards.

Exprimée en volume, la progression des expéditions manufacturières est encore plus spectaculaire. Le bond de 5,5% est le troisième en importance depuis le début de cette série statistique en 1997. Cela est de très bon augure pour la variation du produit intérieur brut au cours du mois qui sera connue le 31 mars.

«Nous nous attendons à ce que les exportations et les livraisons manufacturières contribuent à la croissance économique canadienne en 2011 et 2012, tandis que les dépenses des ménages et des gouvernements vont diminuer, souligne Pascal Gauthier, économiste principal chez TD. Ce rapport conforte davantage l'idée que la rotation des sources de croissance peut s'effectuer relativement en douceur.»

Douceur ou pas, TD révise à la hausse sa prévision de croissance pour le Canada cette année. Elle passe de 2,6% à 3,0%.