Afin de poursuivre la réduction de son imposante dette, Cascades (T.CAS) s'est résolue à céder sa filiale Dopaco, premier fabricant nord-américain d'emballages pour le secteur de la restauration rapide.

L'entreprise de Kingsey Falls, dans le Centre-du-Québec, a annoncé vendredi la vente de Dopaco au géant Reynolds Packaging Group, qui appartient au multimilliardaire néo-zélandais Graeme Hart.

Le montant de la transaction s'élève à 400 millions de dollars US, duquel Cascades pourra retirer quelque 337 millions une fois les impôts et les divers frais déduits.

«Bien que nous ayons toujours considéré Dopaco comme étant un bon investissement, je suis heureux d'annoncer cette transaction qui permet de dégager une valeur significative pour nos actionnaires», a déclaré le président et chef de la direction de Cascades, Alain Lemaire.

«À un moment donné, tu regardes les secteurs dans lesquels tu veux croître et que tu considères comme essentiels et puis tu dis «eh bien, celui-là est un peu moins facile à intégrer que les autres, il est rentable et on peut aller chercher un bon montant d'argent en retour'. Alors on a décidé de s'en départir», a expliqué Hubert Bolduc, vice-président aux affaires corporatives et aux communications de l'entreprise.

Selon Cascades, Dopaco, qui possédait sa propre équipe de direction, présentait peu de possibilités de synergies avec ses autres activités. Dopaco ne consommait que 46 000 tonnes des 365 000 tonnes de carton plat que l'entreprise québécoise produit chaque année.

Cascades avait acquis une participation de 50 pour cent dans Dopaco en 1998, puis avait acheté le reste de l'entreprise en 2004. Le prix d'acquisition n'a jamais été divulgué.

L'an dernier, des acheteurs intéressés par Dopaco ont commencé à solliciter Cascades. Au moins cinq entreprises étaient sur les rangs.

On peut les comprendre: Dopaco réalise des ventes annuelles de plus de 400 millions et compte parmi ses clients la plupart des géants de la restauration rapide, que ce soit McDonald's, Burger King, Wendy's ou Tim Hortons.

L'entreprise possède quatre usines aux États-Unis et deux en Ontario. Environ 190 de ses 1300 employés sont canadiens. Il a été impossible de joindre Reynolds vendredi pour en savoir plus quant à l'impact de la transaction sur le personnel de Dopaco.

Bond en Bourse

Une chose est sûre, les investisseurs ont fort bien accueilli la transaction. L'action de Cascades a gagné 9,9% vendredi pour clôturer à 7,35 $, à la Bourse de Toronto.

Il faut dire que l'entreprise québécoise a obtenu un bon prix pour Dopaco: 7,7 fois la moyenne du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) enregistré entre 2008 et 2010.

De plus, Reynolds a conclu avec Cascades un accord d'approvisionnement en carton plat d'une durée de cinq ans.

Cascades appliquera les 337 millions issus de la transaction à la réduction de sa dette, qui passera de 1,45 à 1,11 milliard. Le ratio dette/BAIIA sera réduit à 3,3 fois, contre 3,6 fois actuellement.

«Nous voyons cette transaction de façon positive pour plusieurs raisons, a commenté l'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note. Même si elle éliminera une source stable de BAIIA (entre 50 et 60 millions par année), il ne faut pas oublier que (Dopaco) exigeait beaucoup d'investissements en immobilisations (entre 25 et 30 millions par année).»

M. Lacroix estime même que la vente de Dopaco constitue «le désinvestissement le plus significatif de l'histoire de Cascades». À ses yeux, la transaction «envoie un message fort à l'effet que la direction est déterminée à rétablir une plus grande flexibilité financière, à se concentrer sur ses activités de base et à développer des actifs de premier ordre».

La transaction doit être conclue d'ici la fin avril.

Cascades est très actif en ce début d'année. Le mois dernier, les fondateurs de l'entreprise, les frères Lemaire, ont commencé à préparer leur succession en nommant Mario Plourde au nouveau poste de chef de l'exploitation.

Plus tôt cette semaine, l'entreprise a annoncé la fermeture d'une usine au Massachusetts et l'expansion d'une autre au Connecticut. La semaine dernière, elle a fait part de son intention d'investir quelque 30 millions dans son usine de Candiac.

D'autres fermetures d'usines ou cessions d'actifs demeurent envisageables au cours des prochains mois, Cascades souhaitant améliorer encore davantage son bilan financier.