Moins de trois mois après avoir annoncé la fermeture de son usine de L'Assomption, Electrolux menace maintenant les autorités du Tennessee d'annuler son déménagement près de Memphis. Dans une lettre envoyée la semaine dernière aux gouvernements locaux, la multinationale affirme qu'elle ne bâtira pas son nouvel établissement à moins de recevoir les dizaines de millions en subventions qui lui ont été promis avant le 1er juin.

Comme le budget doit être approuvé par les élus de l'État, Electrolux n'a reçu qu'une partie des subventions qui lui sont dues.

Dans sa lettre, l'entreprise affirme que l'entente convenue en décembre prévoyait que les subventions lui seraient acheminées le 31 janvier au plus tard, et qu'elle a déjà accepté de prolonger l'échéance. Elle prévient que la construction de l'usine d'électroménagers sera annulée sans pénalité si elle n'a pas reçu jusqu'au dernier dollar avant le 1er juin.

«Electrolux ne peut se permettre de continuer à retarder le travail important de ce projet», écrit le directeur du projet, Jacob Burroughs.

Les élus joints par le quotidien n'ont pas semblé s'inquiéter outre mesure des menaces de l'entreprise. Les maires de Memphis et du Comté de Shelby ont indiqué que la plupart des irritants exprimés dans la lettre avaient déjà été résolus.

«Est-ce que je crains que l'entente ne soit pas conclue? Pas du tout», a indiqué le maire de Memphis, A C Wharton.

Rappelons que 10 jours avant Noël, Electrolux a annoncé à ses 1300 employés de L'Assomption qu'ils perdraient leur emploi à la fin 2012. Au même moment, l'entreprise annonçait la construction d'une usine de 1250 employés près de Memphis.

Décision irrévocable

Le syndicat et le gouvernement ont multiplié les démarches pour convaincre la société de revenir sur sa décision, mais en vain. Encore lundi, des représentants de la FTQ et d'Investissement Québec ont rencontré en secret des administrateurs du géant suédois, qui ont confirmé que leur décision est irrévocable. Le même jour, des élus du Tennessee se réunissaient avec des émissaires de la compagnie à Nashville pour dénouer les problèmes soulevés dans la lettre du 23 février.

Les représentants syndicaux doutent fort que le différent entre Electrolux et les gouvernents du Tennessee puisse sauver l'usine de L'Assomption.

«J'aimerais beaucoup que la nouvelle puisse faire en sorte que notre usine reste ouverte plus longtemps, a convenu David Chartrand, directeur de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ). Mais s'ils étaient prêts à cela pour aller au Tennessee, rien ne dit qu'ils ne se retourneront pas pour aller au Mexique ou ailleurs si ça ne fonctionne pas là-bas.»

À l'Assemblée nationale, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a qualifié de «cavalière» l'attitude d'Electrolux, qui a fermé l'usine de L'Assomption sans possibilité de revenir sur sa décision.

«Ce n'est pas tout à fait ce à quoi on s'attend normalement des bons citoyens corporatifs», a indiqué M. Gignac.

La porte-parole d'Electrolux, Caryn Klebba, n'a pas rappelé La Presse Affaires, hier. Elle a indiqué au Commercial Appeal que l'entreprise demeure engagée à construire l'usine de Memphis.