Loin d'être improvisée, la décision d'Electrolux de déménager d'ici trois ans l'usine de L'Assomption à Memphis, au Tennessee, repose sur une grille d'analyse en 35 points qui prouve, aux yeux du fabricant de cuisinières, la non-viabilité de l'usine québécoise.

Accompagnée du directeur général de la Ville, la mairesse de L'Assomption, Louise T. Francoeur, a demandé une copie de cette étude à John Terzo, vice-président des produits de cuisson pour l'Amérique du Nord, au cours d'une rencontre qui s'est déroulée hier après-midi au centre-ville de Montréal.

«Electrolux s'est fait un comité de travail à l'interne qui a répondu à une grille d'analyse composée de 35 questions avec des pointages. Quand ils sont arrivés à la fin de la liste, l'écart est infranchissable (pour l'usine de L'Assomption de rester concurrentielle)», a dit Mme Francoeur.

Pendant que M. Terzo s'employait à justifier la fermeture au Québec, à 500 kilomètres de Montréal, la haute direction d'Electrolux en Amérique du Nord annonçait, triomphante, la construction hautement subventionnée d'une usine à Memphis, au Tennessee.

M. Terzo a rappelé à ses interlocuteurs qu'il ne reste plus que L'Assomption et l'usine de Mabe, dans l'est de Montréal, qui fabriquent des électroménagers au Québec.

Electrolux déplore, entre autres choses, la désuétude de l'usine, les coûts rattachés au transport et la faible compétitivité des installations. M. Terzo n'avait toutefois que des bons mots sur la qualité du travail des ouvriers de Lanaudière.

Ne voulant visiblement pas créer de faux espoirs, le vice-président d'Electrolux a fermé la porte au maintien du centre de recherche et développement (R-D) au-delà de la période annoncée. «Il nous a dit qu'habituellement, le côté recherche suit la production», raconte Mme Francoeur.

Des embauches temporaires avant les premiers licenciements

La mairesse n'exclut pas pour autant le maintien de l'usine, mais elle travaille en parallèle à un plan B.

À ce propos, Mme Francoeur a demandé à M. Terzo le profil détaillé de la main-d'oeuvre chez Electrolux en fonction de leur âge et de leurs qualifications professionnelles.

Quant aux étapes qui marqueront le processus de fermeture, M. Terzo a répété que les premiers licenciements auront lieu d'ici 18 mois. D'ici là, il n'est pas exclu qu'Electrolux embauche du personnel temporaire, parce que le manufacturier a conclu plus tôt en 2010 un contrat de trois ans avec les magasins Sears.

Pas de surenchère, dit le ministre Gignac

Par ailleurs, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a été appelé hier à commenter les subventions versées par les gouvernements locaux du Tennessee pour attirer Electrolux au pays d'Elvis.

«Je suis très surpris par l'ampleur des sommes engagées par les autorités du Tennessee. Impossible pour nous de participer à une surenchère», a-t-il dit, ajoutant que jamais Québec n'avait été pressenti par la société à ce sujet. «Si on peut faire autre chose, notre priorité va aller dans l'accompagnement des travailleurs, évidemment.»