Le Québec peut s'attendre à obtenir la part du lion de l'investissement d'un milliard annoncé hier par Pratt & Whitney Canada, qui travaille à mettre au point le moteur d'avion de demain.

L'annonce de cet investissement, qui inclut une contribution remboursable de 300 millions de dollars du gouvernement d'Ottawa, a été faite hier à Mississauga, en Ontario, en présence du ministre de l'Industrie, Tony Clement.

Pratt & Whitney au Canada répartira ses nouveaux investissements en recherche et développement (R-D) entre ses deux centres de recherche canadiens, à Mississauga et à Longueuil. Les installations québécoises peuvent s'attendre à recevoir 60% du total, a indiqué hier la porte-parole de l'entreprise, Cindy Hoffman. L'entreprise a déjà entrepris de recruter 200 ingénieurs qui travailleront à la mise au point de moteurs plus légers, plus performants et moins gourmands en carburant. Au total, Pratt & Whitney emploie 1500 ingénieurs au Canada, dont les trois quarts sont à Longueuil.

Ce mandat de R-D est une excellente nouvelle pour Montréal, le coeur de l'industrie aéronautique québécois, a commenté Suzanne Benoit, directrice générale d'Aero Montréal, la grappe de l'industrie. «Ça va permettre à des jeunes ingénieurs et techniciens de haut niveau de trouver des emplois de qualité», a-t-elle commenté.

Le ministre Clement a laissé entendre que la contribution fédérale permettrait le maintien de 700 emplois et la création de 2000 autres au cours des 15 prochaines années, mais l'entreprise se montre plus prudente.

Il n'est pas question d'augmenter l'effectif du côté de la production, qui a souffert du ralentissement économique généralisé en 2008 et 2009, a indiqué la porte-parole. Pratt & Whitney a dû mettre 1500 de ses employés à pied, dont 850 au Québec.

Après l'ouverture de son centre de Mirabel, où seront testés tous ses moteurs, Pratt & Whitney donne un bon signal de la fin de la période de torpeur de l'industrie.

«L'industrie est toujours un peu décalée, a expliqué Suzanne Benoit. Mais on s'attend à une bonne reprise à fin de 2011 et en 2012.»

C'est aussi l'avis des dirigeants d'Airbus, qui a revu à la hausse hier ses prévisions du marché mondial de l'aéronautique. «La reprise est plus forte que prévu», a expliqué le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, à l'AFP.

Selon Airbus, la demande sera soutenue par le besoin de nouveaux avions plus économes en carburant et par la croissance des marchés émergents, particulièrement la Chine et l'Inde.

Course effrénée

Pratt & Whitney, filiale de United Technology Corporation, est entrée dans la lutte que se livrent les motoristes partout sur la planète pour concevoir un moteur de nouvelle génération, plus économique et moins polluant.

Le nouveau type de moteur est destiné à prendre la relève de la série PurePower, qui équipera les appareils CSeries de Bombardier.

Pratt & Whitney a toujours investi massivement en R-D, avec une moyenne annuelle de 400 millions de dollars, un sommet de l'industrie.

L'investissement annoncé hier avec le concours d'Ottawa permettra de maintenir ces dépenses annuelles moyennes pour les cinq prochaines années, a indiqué l'entreprise.

Au cours des 15 dernières années, Pratt & Whitney a fait certifier plus de 70 moteurs.

L'INDUSTRIE AÉROSPATIALE AU QUÉBEC

236 entreprises

12,3 milliards de ventes

42 000 emplois