Le marché enneigé américain attire Orage. Pour accroître la présence du fabricant de vêtements de ski et de plein air québécois aux États-Unis, la solution se trouve en partie en Utah! Et elle se nomme François Goulet.

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Le 1er janvier, ce résident d'adoption de Park City pliera bagage, ramènera ses skis à Montréal et amorcera un mandat à titre de vice-président d'Orage. Depuis 2006, François Goulet travaille, les deux pieds dans la neige des Rocheuses, à la direction nord-américaine du compétiteur Rossignol. «L'endroit va me manquer, confie-t-il. J'habite à 2300 m d'altitude. On a une qualité de neige ici. On appelle ça de la champagne powder

Actuellement, le marché canadien représente 50% du chiffre d'affaires d'Orage. Et les marchés européen et américain, l'autre moitié. En confiant à François Goulet les rênes de l'une des entreprises de Coalision (qui détient aussi Lolë), son président Bernard Mariette espère que les États-Unis représenteront «à terme, mais dans plus de cinq ans», 50% des ventes. La «double culture francophone-anglophone» de François Goulet est un des atouts du nouveau VP, selon Bernard Mariette. Le fait qu'il ait contribué à faire passer de 12 à 30 millions les ventes de Rossignol au Canada dans les années 90 en est un autre.

À 50 ans et après deux décennies passées à travailler pour le fabricant de skis et autres matériels de sports d'hiver, le principal intéressé est prêt à emprunter un autre versant. «Un jeune de 50 ans! souligne-t-il. Quand on travaille pour une telle industrie, on reste actif. J'ai 21 ans de bagages, de contacts, de connaissances. Est-ce que j'en tire avantage ou je fais basculer tout ça en m'en allant dans un autre secteur?»

François Goulet soutient qu'il n'arrivera pas chez Orage pour changer une recette qu'il estime gagnante. «L'équipe en place depuis un an a beaucoup réfléchi sur la façon de faire croître l'entreprise», explique-t-il. Elle a convenu que la marque allait s'exprimer sur trois axes. «Modern» fait référence aux jeunes et au free style, «Mountain», axe qui représente un grand potentiel de croissance, vise les 25 à 35 ans actifs qui veulent des vêtements techniques. Et «Culture» représente le côté ludique de la marque, «l'aspect mode».

Cible

L'entreprise reconnue pour ses coupes uniques et décontractées, qui veut devenir indissociable de l'univers free ski, tient à se recentrer sur une cible qu'elle a moins bien visée depuis quatre ans. «Depuis 2007, Orage s'adressait davantage aux moins de 18 ans avec des coupes plus amples, note Bernard Mariette. Ce n'est pas que ça ne fonctionnait pas, mais il faut miser sur nos forces pour pouvoir croître à l'international.»

«Il y a beaucoup de potentiel de croissance aux États-Unis, pays qui est quatre fois la taille du marché du Canada, résume François Goulet. Cela dit, Orage a déjà l'aura d'une marque internationale.»

La direction ne chauffera pas un bulldozer pour arriver à ses fins. «Avant de décider quoi que ce soit, on va appuyer les équipes en place (une douzaine de personnes au Colorado, en Utah, au Vermont) et voir comment on peut renforcer le système, explique Bernard Mariette. Ensuite, on va s'assurer que les Américains, les détaillants comprennent la marque. La base est déjà là. François va accélérer la croissance.»

Le nouveau VP peut-il espérer retourner rapidement par affaires à Park City, où il compte d'ailleurs conserver un pied-à-terre dans la poudreuse? «Je ne sais pas, répond-il. Et malheureusement, il n'y a pas de vol direct Montréal-Park City!»