Le groupe britannique Rolls-Royce se retrouve sur la sellette après les incidents qui ont frappé certains moteurs équipant des avions de la compagnie australienne Qantas, mais a affirmé lundi avoir fait des «progrès» pour comprendre l'avarie ayant frappé un moteur d'A380.

Depuis jeudi, et l'explosion en vol d'un des quatre moteurs Trent 900 équipant un A380 de Qantas, qui a provoqué un atterrissage d'urgence de l'appareil à Singapour sans faire de blessés, le groupe est sur la défensive.

Il a publié lundi un communiqué reconnaissant que son moteur Trent 900 équipant le gros porteur d'Airbus faisait bien face à un problème.

«Rolls-Royce a fait des progrès dans la compréhension de la cause de l'avarie intervenue sur le moteur Trent 900 équipant l'A380 du vol QF32 de Qantas du 4 novembre 2010», a assuré le motoriste, sans autre précision sur la cause possible.

Il a indiqué en outre qu'une «série de contrôles et d'inspections a été approuvée en liaison avec Airbus, les compagnies opérant des A380 équipés de Trent 900 et les autorités aéronautiques».

Mais Rolls-Royce a tenu à souligner que «l'incident est spécifique au moteur Trent 900», alors que des problèmes avaient été signalés cet été sur le Trent 1000, un prototype de moteur devant équiper le 787, nouveau long-courrier de Boeing.

L'annonce a été faite juste avant la clôture de la Bourse de Londres, où le titre Rolls-Royce s'est ressaisi lundi, reprenant 2,71% à 607 pence, après avoir perdu jusqu'à 14% de sa valeur en trois séances.

L'accident de moteur sur l'A380, qui a été suivi le lendemain d'une autre avarie sur un moteur Rolls-Royce équipant cette fois un Boeing 747 de Qantas, avait été imputé vendredi par la compagnie australienne à un «défaut de conception potentiel» du Trent 900, fleuron des réacteurs issus des chaînes de fabrication du groupe britannique.

Et lundi, Qantas a prolongé le maintien au sol de ses A380, après avoir détecté des «fuites d'huile» sur plusieurs autres moteurs Trent 900 équipant sa flotte.

En revanche, la compagnie rivale Singapore Airlines a affirmé n'avoir détecté aucun problème concernant les moteurs Trent 900 équipant ses propres A380, à l'issue d'une série d'inspection.

En attendant que leur cause soit établie avec certitude, ces incidents ont assombri la réputation du motoriste britannique, déjà écornée par les problèmes du Trent 1000 qui ont contribué au retard pris par le programme du nouveau long-courrier de Boeing.

Qui plus est, la presse britannique a rapporté ce week-end que le groupe rival américain Pratt & Whitney (filiale d'United Technologies) avait attaqué Rolls-Royce en justice pour violation de brevets.

Cependant, les analystes ont relativisé l'importance de ces mauvaises nouvelles pour Rolls-Royce, appelant les investisseurs à faire preuve de sang-froid tant que les causes de l'avarie du Trent 900 n'auront pas été clairement établies.

De plus, même si la responsabilité venait à être imputée entièrement à Rolls-Royce, celui-ci semble avoir les reins suffisamment solides pour en surmonter les conséquences. C'est ce qu'estiment en tous cas les analystes de la banque Morgan Stanley, rappelant que Rolls-Royce, tout comme EADS, la maison-mère d'Airbus, «ont tous deux des bilans très solides, et sont donc en position favorable pour assumer toute responsabilité financière».