Comme deux copains qui sont partis à l'aventure ensemble et qui ont apprécié l'expérience, Labopharm et Laboratoires Paladin remettent ça. Les deux entreprises québécoises viennent de signer de nouvelles ententes pour pousser le développement de deux nouveaux médicaments et les commercialiser.

Paladin est un spécialiste de la commercialisation de médicaments, tandis que Labopharm travaille à en inventer de nouveaux. Sa spécialité: modifier des médicaments déjà en marché pour qu'ils puissent être libérés de façon plus graduelle dans l'organisme. Les deux sociétés s'étaient déjà alliées pour commercialiser le tramadol à prise unique, un analgésique que Labopharm avait modifié pour qu'il agisse plus longtemps et puisse n'être consommé qu'une fois par jour.

«Nous sommes très heureux de travailler de nouveau avec Paladin, a dit Mark D'Souza, vice-président principal et chef de la direction financière de Labopharm. C'est un excellent partenaire, et ils ont fait un excellent travail pour vendre le tramadol.»

Les nouvelles ententes concernent deux produits. D'abord, un analgésique qui s'apparente au Tylenol, mais que Labopharm a modifié pour qu'il agisse pendant 12 heures consécutives. Le médicament est déjà commercialisé aux États-Unis depuis 2001, mais Paladin vient d'obtenir le droit de le distribuer dans une quinzaine de pays d'Afrique.

Le deuxième produit, appelé «oxycodone-acétaminophène», est un autre analgésique, mais qui a la fâcheuse propriété de causer des effets euphoriques s'il est absorbé trop rapidement. Le médicament est actuellement utilisé comme drogue récréative par certains usagers, qui le réduisent en poudre pour qu'il agisse rapidement ou le mélangent à l'alcool. Certains vont jusqu'à se l'injecter ou l'inhaler.

Labopharm croit avoir trouvé une façon d'empêcher ces usages récréatifs grâce à une technologie qui permet une libération contrôlée, même si le produit est réduit en poudre ou consommé avec de l'alcool. Un usager qui voudrait le mélanger à un solvant pour se l'injecter se retrouverait avec une matrice solide impossible à faire entrer dans une seringue.

Le produit est cependant à un stade de développement préliminaire et devra être testé sur des patients pendant quelques années avant de pouvoir être un jour vendu. Paladin, qui n'a pas l'habitude d'intervenir aussi tôt dans le développement d'un médicament, a tout de même accepté de participer au plan de développement du produit et, surtout, de financer la moitié des coûts nécessaires à son éventuelle approbation par Santé Canada. En retour, Paladin obtient le droit exclusif de vendre le produit au Canada.

«Parfois, c'est moins cher d'entrer plus tôt dans le cycle de vie d'un produit», a expliqué à La Presse Affaires Samira Sakhia, chef de la direction financière de Laboratoires Paladin, qui explique avoir une grande confiance dans le potentiel du futur médicament de Labopharm.

Les ententes dévoilées hier incluent aussi un prêt de 10 millions de dollars de Paladin à Labopharm en échange d'approvisionnement futur en tramadol, le produit que les deux entreprises commercialisent déjà ensemble.

Le titre de Labopharm a gagné 3 cents, ou 2,8% hier, pour clôturer à 1,80$, tandis que celui de Paladin a progressé de 6 cents pour atteindre 27,75$.