Pendant que l'économie américaine tourne encore au ralenti et que son carnet de commandes s'amincit, le fabricant de structures d'acier Groupe ADF (T.DRX) développe un nouveau créneau pour alimenter sa croissance future : le nucléaire.

Déjà spécialisée dans les superstructures complexes et les projets accélérés, l'entreprise de Terrebonne a obtenu les certifications de l'American Society of Mechanical Engineers pour fabriquer les charpentes métalliques des installations nucléaires.

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«Nous sommes seulement trois entreprises à avoir cette certification», a affirmé hier le président du conseil et chef de la direction d'ADF, Jean Paschini, en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires. Et comme le processus pour l'obtenir est «très, très complexe», ADF estime que les concurrents ne seront pas nombreux à entrer dans le club sélect.

Le Groupe ADF compte sur le fait que bon nombre de centrales nucléaires nord-américaines devront faire l'objet d'une réfection dans les prochaines années. Sans compter le regain d'intérêt pour la construction de nouvelles centrales aux États-Unis.

«Nous sommes prêts à participer aux appels d'offres dans ce secteur, mais nous visons d'abord un petit contrat, précise Jean Paschini. On va marcher avant de courir.»

Profitabilité avant croissance

La marche plutôt que la course, c'est une analogie qui peut aussi s'appliquer aux affaires d'ADF depuis la crise financière. La société a choisi de limiter les risques pendant les temps durs, qui sont arrivés un peu plus tard que dans d'autres secteurs économiques.

«Nous sommes parmi les derniers secteurs à être touchés par la récession, et un des derniers à en sortir», explique Jean Paschini.

Le carnet de commandes, qui atteignait 151 millions de dollars en juillet dernier, est passé sous les 100 millions.

«On est en mesure d'avoir des contrats, mais à quel prix? demande le chef de la direction. On pourrait avoir le double des ventes, mais un profit minable. On oublie la croissance pour l'instant, mais on s'assure d'une grande profitabilité. Quand le marché reviendra, on misera à nouveau sur la croissance.»

Tous les contrats courants du Groupe ADF sont aux États-Unis, où l'économie est encore faible, selon Jean Paschini.

Le nombre encore limité de projets au sud de la frontière fait en sorte que beaucoup d'entreprises s'intéressent à chacun d'entre eux. «Avant, nous étions deux ou trois à soumissionner aux projets qui nous intéressaient, mais nous sommes une vingtaine ou une trentaine maintenant», note M. Paschini.

Certaines entreprises soumissionnent à très bas prix pour pouvoir faire tourner leur usine. Certaines acceptent même d'encaisser des pertes, soupçonne Jean Paschini. Un jeu auquel ADF refuse de participer.

Ainsi, malgré des résultats en baisse au premier trimestre terminé le 30 avril, la marge brute d'ADF est passée de 32 à 34% des revenus par rapport au premier trimestre de l'an dernier.

Les revenus ont reculé de près de 20%, à 13,6 millions. Le bénéfice net a fondu de 45%, à 1,2 millions La vigueur du dollar canadien, entre autres, a joué contre la société.

Le titre d'ADF, qui est resté stable à 1,85$ hier à la Bourse de Toronto, est en baisse de 30% depuis février. Avec un marché de la construction commerciale qui ne rebondira pas avant 2011, les titres de fabricants de structures d'acier pâtissent d'une séquence de faibles revenus et bénéfices, note Benoit Caron, analyste à la Financière Banque Nationale.