Le temps doux, le soleil, les jupes et chemisiers légers sont apparus simultanément. Signe d'embellie pour Reitmans (T.RET), le plus important détaillant canadien de vêtements féminins?

L'allusion à la météo n'est pas innocente: les «conditions météorologiques défavorables» sont au rang des quatre facteurs qui ont nui aux résultats du dernier exercice financier, si l'on en croit le message aux actionnaires du président, Jeremy Reitman, le 29 mars dernier.

Ce n'est un secret pour personne: il cherche depuis plusieurs mois à faire l'acquisition d'un détaillant de vêtements canadien pour ajouter à ses 977 magasins.

«La dernière fois que je l'ai rencontré (le 21 avril), il semblait très optimiste vis-à-vis d'une acquisition potentielle, indique Martin Dufresne, gestionnaire chez Fiera Capital. Depuis les cinq dernières années, c'est le moment où je l'ai trouvé le plus enthousiaste à ce propos.»

L'entrain de Jeremy Reitman semble avoir diminué quelque peu depuis lors.

«L'enthousiasme mène souvent à la déception», a-t-il lancé hier en riant. «Je suis quelquefois enthousiaste, et d'autres fois déçu. Nous verrons ce qui arrivera.»

«Qui sait? ajoute-t-il, philosophe. Quelque chose peut survenir aujourd'hui, demain, dans trois mois, six mois.»

Comme les importantes réserves en liquidité de l'entreprise rapportent peu, l'annonce d'une acquisition, que Martin Dufresne escompte avant la fin de l'année, aurait un effet positif immédiat sur le titre. «Il y a de la place dans leur centre de distribution, ce qui pourrait générer des synergies intéressantes», ajoute le gestionnaire.

Il a d'autres motifs d'être optimiste. «J'ai vraiment senti que Jeremy Reitman avait confiance envers le consommateur. Pendant plusieurs trimestres, il avait été assez honnête pour nous dire qu'il ne sentait pas que le consommateur était revenu.»

Étonnamment, la chaîne d'origine, Reitmans, demeure la plus performante des huit bannières du groupe, qui compte dans son écurie Thyme, Penningtons, et Addition Elle. «Il y a encore des parts de marché à aller chercher avec les autres bannières aussi», a dit Martin Dufresne.

Échangée à 15$ au moment du dépôt du rapport annuel, le 29 mars dernier, l'action a clôturé hier à 18,39$. Une bonne performance, mais pas exceptionnelle, alors que le peloton du commerce de détail connaît dans son ensemble une période favorable.

«J'ai encore un peu de marge de manoeuvre sur mon prix cible, mais elle est pas mal moins grande qu'elle était», a dit M. Dufresne.

Reitmans n'en demeure pas moins un titre à détenir. «C'est un positionnement sur un éventuel retour de l'économie, soutient-il. Ils ont un bilan extrêmement solide.»

L'entreprise détient plus de 200 millions en liquidités et est pratiquement exempte de dettes. «Il ne reste qu'une hypothèque sur leur centre de distribution, ce n'est rien», précise-t-il encore.

Le titre procure un dividende de 4%, ce qui est suffisant pour être patient, insiste-t-il.

Il se méfie néanmoins d'un possible ennuagement: le dollar canadien à quasi-parité avec son pendant américain pourrait-il inciter les Canadiens à magasiner aux États-Unis? Heureusement pour Reitmans, le consommateur qui traverse la frontière est davantage en quête d'électronique que de vêtements. Le temps demeure plus clément au nord.