Après le groupe Casino, Maison du Café s'attaque à son tour au monopole de Nespresso sur ses dosettes de café en lançant en France en avril ses propres capsules compatibles avec les machines de la filiale de Nestlé, pour conquérir un marché très lucratif.

La guerre des dosettes compatibles avec les machines Nespresso est bel et bien lancée.

Précurseur et inventeur du système machine-dosette (lancé en 1986), qui a largement contribué à en faire le leader sur le marché de la machine à café en France, Nespresso a bénéficié pendant des années d'une absence de concurrence. Mais ce temps semble révolu.

Après Casino, qui va lancer ses dosettes en mai, L'Or de Maison du Café a décidé à son tour de commercialiser à partir du 7 avril des dosettes compatibles avec les machines Nespresso dans les grandes surfaces.

Plus petites, en plastique perforé avec un suremballage individuel, elles devraient coûter 30 centimes d'euros -le même prix que celles de Casino-, soit 5 centimes de moins que les capsules Nespresso.

Cette nouvelle offensive en moins d'un mois est un coup dur pour Nespresso qui semble toutefois serein sur l'issue de cette bataille.

«C'est une nouvelle forme de concurrence. Mais on n'empêche pas nos concurrents de nous concurrencer. Nous avons protégé nos capsules avec 1700 brevets. Si jamais ils touchent à nos brevets, on défendra notre propriété intellectuelle», a prévenu Arnaud Deschamps, directeur général de Nespresso France, sous-entendant qu'il n'écartait pas l'idée d'aller devant les tribunaux.

Casino pense de son côté avoir trouvé la faille, et assure que ses brevets sont «hors du champs» de ceux de Nespresso, selon le fondateur de Ethical Coffee Compagny (ECC), Jean-Paul Gaillard, qui va produire les capsules pour Casino.

«La capsule est différente, avec une forme différente. C'est vraiment une innovation à part. On a pris nos précautions», explique pour sa part Martine Loyer, directrice de marketing de Maison du Café.

En France, près de 500 millions de dosettes Nespresso sont vendues chaque année, et Maison du Café espère capter «près de 10%» du marché français.

Mais l'enjeu dépasse le cadre hexagonal. Car Nespresso, filiale du suisse  Nestlé, vend entre 6 et 7 milliards de ses capsules dans le monde. La France n'est qu'une étape pour Casino et Maison du Café, filiale du groupe américain Sara Lee.

ECC prévoit notamment de produire près «de deux milliards de dosettes» en 2011, selon Jean-Pierre Gaillard.

«On a 25 ans d'expérience. On va chercher les meilleures récoltes, et seulement 1% du café correspond à nos critères. On a un savoir-faire artisanal et humain pour faire des grands crus. Si d'autres marques arrivent, ça va être compliqué pour elles», assure Arnaud Deschamps de Nespresso.

Cette concurrence va-t-elle obliger Nespresso à revoir sa politique de distribution qui écarte la grande distribution au profit de la vente sur internet et de ses boutiques spécialisées?

«Nous avons choisi un modèle humain pour rencontrer nos clients et leur transmettre notre passion pour le café. Nous n'avons aucune raison de changer», a assuré Arnaud Deschamps.

Reste la question du recyclage. Ces fameuses capsules sont trop petites pour être triées par les machines. Casino a fait le choix de l'amidon, biodégradale en six mois. Nespresso, dont les capsules sont en aluminium investit depuis plusieurs années et procède à des tests en France a priori concluants, alors que pour Maison du Café, le plastique a été choisi «car il ne laisse pas de résidus», selon Martine Loyer.