Le producteur américain de boissons sans alcool Coca-Cola a annoncé jeudi son intention de reprendre le contrôle de la distribution de ses produits en rachetant les activités en Amérique du Nord de son principal embouteilleur, Coca-Cola Enterprises (CCE).

La transaction, par échange d'actions, est évaluée aux alentours de 15 milliards de dollars et s'accompagne de la vente par Coca-Cola à CCE d'activités d'embouteillage en Europe (Norvège, Suède et Allemagne) pour quelque 800 millions de dollars.

Elle intervient après une opération similaire de son concurrent Pepsi, dans un contexte difficile pour les boissons gazeuses aux Etats-Unis, accusées de poser un problème de santé publique.

«Coca-Cola, dans une opération sans numéraire, va acquérir la totalité des activités nord-américaine de CCE, soit environ 75% des volumes de bouteilles (de boissons produites par Coca-Cola, NDLR) livrées aux États-Unis et près de 100% des bouteilles livrées au Canada», indique le groupe américain dans un communiqué.

Coca-Cola contrôlera ainsi 90% des volumes totaux en Amérique du Nord, est-il précisé dans le communiqué.

«Le rachat des actifs et passifs des activités nord-américaines de CCE prend en considération la participation actuelle de 34% de Coca-Cola dans CCE, évaluée à 3,4 milliard (...)», indique Coca-Cola dans le communiqué.

Il prend également en considération «les 8,88 milliards de dollars de dette de CCE», ce qui valorise la transaction à un peu plus de 15 milliards.

«Dans un autre accord, Coca-Cola et CCE sont parvenus à un accord de principe sur le rachat par CCE des opérations d'embouteillage de Coca-Cola en Norvège et Suède pour 822 millions», fait également savoir Coca-Cola.

CCE obtiendra également le droit de racheter la part de 83% de Coca-Cola dans les opérations d'embouteillage en Allemagne.

L'accord concernant les activités en Europe n'est pas encore formellement signé, précise cependant le fabricant de boissons.

«Nous n'achetons pas CCE, nous achetons plutôt leurs opérations nord-américaines, et ils restent l'un de nos partenaires clefs d'embouteillage, avec des capacités de gestion, de finance et opérationnelles de classe mondiale», a commenté dans le communiqué le PDG de Coca-Cola Muhtar Kent.

Ces annonces surviennent alors que PepsiCo, le principal concurrent de Coca-Cola, finalise lui aussi le rachat de ses deux principaux embouteilleurs et affirmé vouloir «changer les règles en Amérique du Nord» en devenant un «fabricant de boissons intégrés».

Ces rachats représentent un tournant stratégique pour les deux sociétés en Amérique du Nord, qui s'étaient dotées pendant des décennies de grands embouteilleurs indépendants, une stratégie très efficace dans les décennies 80 et 90, où les producteurs ont connu une forte croissance de leurs volumes.

Les intérêts des embouteilleurs et des producteurs ont commencé à diverger quand Coca-Cola et PepsiCo se sont orientés vers des produits de niches non-gazeux. L'intégration de l'embouteillage est ainsi devenue un avantage de flexibilité pour les fabricants.

«La structure de la franchise a besoin d'évoluer car les consommateurs, les clients évoluent (...) Notre structure n'a pratiquement pas changé depuis 1986. Les consommateurs, les clients ont changé», a expliqué M. Kent à la chaîne financière américaine CNBC.