Le vieux conflit opposant Mega Brands (T.MB) et les anciens propriétaires de Rose Art a fait l'objet d'un règlement qui permettra au fabricant de jouets montréalais de récupérer 72 millions US.

Mega Brands récupérera 17,2 millions US placés en fiducie au début du litige. Les frères Lawrence et Jeffrey Rosen ont abandonné une réclamation additionnelle de 54,8 millions US, ce qui fait qu'au total, Mega Brands pourra comptabiliser 72 millions US dans ses résultats du troisième trimestre qui seront publiés vendredi.

Les couteaux volent bas

Cette rare bonne nouvelle dans l'histoire récente de Mega Brands a eu l'heur de plaire aux investisseurs. Le titre a bondi de 46%, pour finir la journée à 70 cents à la Bourse de Toronto. En cours de séance, l'action a monté jusqu'à 81 cents.

Le conflit a beau être réglé, les couteaux continuent de voler bas. Les anciens propriétaires de Rose Art soutiennent qu'ils ont abandonné leurs réclamations parce que, Mega Brands étant au bord de la faillite, ils n'auraient pu rien obtenir de toute façon. «Ça ne valait plus la peine de dépenser de l'argent en frais juridiques», ont-ils fait savoir dans un communiqué.

«C'est une entreprise privée. Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent», a rétorqué la porte-parole de l'entreprise, Carine Sroujian, qui ajoute qu'on verra vendredi (à la publication des résultats financiers) qu'ils ont tort.

Le litige remonte à 2005, lorsque Mega Brands a fait l'acquisition de Rose Art pour 350 millions US. Rose Art a poursuivi Mega Brands pour des sommes non payées. Puis, un des produits de Rose Art, le jeu Magnetix, a dû être retiré des magasins après le décès d'un enfant de 21 mois qui avait avalé des pièces du jeu.

Mega Brands s'était alors retournée vers Rose Art en l'accusant de lui avoir caché les problèmes potentiels liés à Magnetix et en lui réclamant 200 millions. Les frères Rosen, de leur côté, avaient contre-attaqué avec une poursuite contre les principaux dirigeants de Mega Brands qu'ils accusaient d'avoir vendu des actions juste avant que la nouvelle de la mort de l'enfant soit rendue publique.

Le règlement à l'amiable prévoit l'abandon des poursuites de part et d'autre. Selon Lawrence et Jeffey Rosen, le règlement du litige leur permettra de récupérer 20 millions US en taxes payées à l'avance.

Après avoir quitté l'industrie des jeux, les frères Rosen y sont revenus récemment avec une nouvelle entreprise, Cra-z-Art, qui vise le même marché que Mega Brands.

«L'entente confirme ce que nous avons toujours soutenu, à l'effet que d'importants défauts affectant les jouets Magnetix n'avaient pas été révélés à Mega Brands avant l'acquisition de Rose Art», s'est réjoui hier Marc Bertrand, président et chef de la direction de Mega Brands. «C'est une preuve éloquente du mérite de notre cause.»

De lourdes pertes

Mega Brands a gagné une bataille, mais pas encore la guerre. À cause d'une dette élevée et du ralentissement économique, l'entreprise a accumulé de lourdes pertes. Un investisseur privé, Fairfax Financial, a dû venir à sa rescousse avec une injection de 75 millions CAN.

Le plan financier mis en route lors de ce sauvetage est sur les rails, a indiqué hier la porte-parole de l'entreprise.

Après les deux premiers trimestres de l'exercice en cours, ses ventes étaient en baisse de 72 millions US, à 113,7 millions US, et la perte atteignait 39,2 millions US (1,07$ par action), soit 25 millions US de plus qu'à la même période l'an dernier.