Lorsqu'elle émergera de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers, Mecachrome sera un peu moins québécoise, et un peu plus française.

Le siège social devrait demeurer dans la région montréalaise, mais le président sera établi en France. Le nombre de dirigeants au Canada a fondu comme neige au soleil, passant d'une dizaine à trois ou quatre.

Cela n'empêchera pas le Fonds de solidarité FTQ d'investir davantage dans l'entreprise, spécialisée dans les composants pour l'industrie aéronautique et l'industrie automobile. Le Fonds de solidarité a déjà investi 78,9 millions de dollars dans Mecachrome.

«Ce qui est important, c'est que l'usine soit encore chez nous, que ça crée des emplois chez nous», a déclaré la porte-parole du Fonds de solidarité, Josée Lagacé, dans un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Mecachrome, une société française, avait déménagé son siège social à Montréal en 2004 afin de se rapprocher du marché nord-américain. Elle a toutefois connu de graves difficultés financières en 2008, notamment en raison du gel imposé dans la conception de nouveaux moteurs de Formule Un, mais aussi en raison des délais qui ont caractérisé les programmes de l'Airbus A380, le Boeing 787 (le Dreamliner) et l'appareil militaire Airbus A400 M.

«Ça nous a fait particulièrement mal parce que ça nécessitait des investissements extrêmement importants, alors que les revenus ne rentraient pas pour les compenser», a expliqué le chef des affaires corporatives et judiciaires de Mecachrome, Jocelyn Côté.

L'entreprise s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies le 12 décembre dernier. En France, elle s'est placée sous la protection de la procédure de sauvegarde.

La Cour supérieure du Québec vient de prolonger la protection de Mecachrome jusqu'au 18 décembre prochain, alors qu'en France, le Tribunal de commerce de Tours l'a prolongée jusqu'au 12 décembre prochain.

L'entreprise espère conclure sa restructuration avant la fin de l'année. Son plan de restructuration a été accepté par les créanciers au Canada et homologué par la Cour supérieure du Québec le premier septembre.

En France, Mecachrome doit finaliser le plan qu'elle devra soumettre à un mandataire judiciaire. Il lui faudra également finaliser un financement, qui comprendra un investissement de 40 millions d'euros (63 millions de dollars) réparti également entre la société française de gestion ACE Management, le fond d'investissement public français FSI et le Fonds de solidarité, et des prêts de 22 millions d'euros (35 millions de dollars) contractés auprès de banques françaises.

«La plupart des actifs qui vont nous permettre d'obtenir ce financement sont en France», a expliqué M. Côté.

Mecachrome compte environ 1800 employés en France et 200 au Québec. Elle réalise plus de 90% de son chiffre d'affaires en France. Son principal client, Airbus, est basé dans ce pays.

M. Côté a cependant affirmé que le président de Mecachrome, Julio de Sousa, croyait encore beaucoup «à l'aventure canadienne».

«Nous voulons établir des liens avec Boeing et Embraer et reconnecter avec Bombardier», a indiqué M. Côté.

Mecachrome devait participer au projet initial de la CSeries de Bombardier avec la fabrication du mât du réacteur. L'entreprise a présenté une soumission pour la nouvelle version du projet, mais elle n'a pas été retenue. M. Côté a dit ignorer si ce refus était lié à la situation financière de Mecachrome ou au montant de la soumission.