Le groupe américain de produits de grande consommation Procter & Gamble a publié mercredi un bénéfice net annuel en hausse de 11%, à 13,436 milliards de dollars, supérieur à ses attentes, en dépit d'une dégradation marquée de sa rentabilité en fin d'exercice.

Le bénéfice net du quatrième trimestre (clos fin juin) a chuté de 18%, à 2,471 milliards de dollars, selon un communiqué de l'entreprise. Le bénéfice courant par action s'est établi à 4,26 dollar pour l'année et à 80 cents pour le dernier trimestre, s'inscrivant dans les deux cas un cent au-delà des attentes du marché.

Le groupe a confirmé ses prévisions pour son nouvel exercice d'un bénéfice courant en net retrait, compris entre 3,65 et 3,80 dollars par action.

«Durant l'exercice 2008/09 et surtout au quatrième trimestre, P&G a affronté l'un des environnements les plus difficiles qu'on ait vus depuis plusieurs décennies», a souligné le président du conseil d'administration Alan G. Lafley, cité dans le communiqué.

Le chiffre d'affaires a reculé de 3% sur l'année à 79,03 milliards de dollars, et de 11% sur la seule période avril-juin, à 18,66 milliards de dollars, s'inscrivant dans les deux cas en deçà des attentes du marché (79,98 milliards et 19,38 milliards respectivement).

Toutes les catégories de produits du fabricant des shampooings Head & Shoulders, des rasoirs Gillette, des couches Pampers et des piles Duracell ont vu leurs ventes refluer au dernier trimestre, notamment sous l'effet de la baisse du dollar. La baisse a été particulièrement marquée (-26%) pour les produits de toilette.

Les investisseurs semblaient inquiets de cette baisse des ventes, et faisaient reculer l'action de 3,66% à 53,43 dollars vers 14h30 GMT, dans un marché en nette baisse.

«Ils ont encore deux trimestres difficiles devant eux», a souligné l'analyste John Fauche, de JPMorgan Chase, sur la chaîne de télévision CNBC.

Lors d'une conférence d'analystes, M. Lafley a pourtant précisé qu'il attendait une «amélioration séquentielle» pour l'exercice en cours, avec un premier trimestre encore difficile, suivi de progrès par la suite.

Pour l'exercice tout juste terminé, la direction a expliqué que les produits haut de gamme avaient particulièrement souffert de l'attitude économe des consommateurs: «les parfums ont eu une année lamentable», et d'autres produits relevant de dépenses non indispensables, comme les produits pour salon de coiffure, ont également souffert.

La bonne nouvelle cependant est que la crise a apporté de nouveaux comportements d'achat, qui devraient se révéler durablement positifs.

«Les consommateurs ont essayé de nouvelles marques (...) ils aiment (les shampooings) Pantene et les (crèmes de beauté) Olay, ça devrait apporter un élan», a souligné le directeur général Robert McDonald.

Le groupe a choisi de se concentrer sur son expansion dans les marchés émergents, où le potentiel est «sans limite», avec un accent mis sur le niveau de prix et le réseau de distribution, ainsi que des innovations particulièrement adaptées à des marchés clés.

Le groupe a ainsi mis en avant la sortie aux Philippines d'une nouvelle lessive ne nécessitant qu'un seul rinçage, au lieu des cinq rinçages coutumiers dans ce pays, qui devrait considérablement réduire la facture d'eau des utilisateurs.

Le groupe a également promis de renforcer l'effort sur les produits de toilette et l'offre de produits à prix modérés, notamment pour les couches Pampers. Il s'agit d'une volte-face pour le groupe, qui avait préféré jusqu'à présent relever ses prix, sans parvenir pour autant à compenser la baisse de ses volumes de vente.