Même si les revenus et les profits de CAE (t.cae) ont pris de l'altitude en 2008-2009, l'entreprise a annoncé 700 mises à pied, dont 600 à Montréal.

Les membres de la direction et la plupart des employés qui restent devront subir un gel de salaire et prendre cinq jours de congé sans solde au cours de l'exercice en cours.

«Nous avons malheureusement dû prendre ces mesures, mais c'est pour protéger l'entreprise et la majorité des emplois», a déclaré le président et chef de la direction de CAE, Robert Brown, au cours d'une conférence téléphonique hier.

Ce qui fait mal à CAE, c'est le marasme qui règne dans le secteur de l'aviation civile. L'entreprise a livré 34 simulateurs de vol civils au cours de l'exercice 2008-2009. Elle ne prévoit en livrer que 20 au cours de l'exercice actuel.

C'est à Montréal que CAE fabrique ses simulateurs civils. C'est donc la ville la plus touchée par les mises à pied.

«Nous savions que ça s'en venait, a déclaré le président de la section locale 522 du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), Mike Mondoux. Mais on ne s'attendait pas aux autres mesures, le gel de salaire et les congés sans solde.»

Il a affirmé que le gel de salaire ne devrait pas s'appliquer aux membres de son syndicat parce qu'ils ont signé un contrat de travail.

«En ce qui concerne les jours de congé sans solde, il faudra que l'employeur nous approche et nous parle de l'impact sur nos membres, a-t-il ajouté. Ce sont les membres qui prendront la décision.»

M. Mondoux a indiqué que le niveau de motivation des employés a quelque peu baissé, surtout chez les jeunes, qui seront les plus touchés par les mises à pied.

«C'est triste, surtout compte tenu du fait que ce sont des emplois qui donnent de bons salaires.»

Seule une petite partie des 3500 employés de CAE à Montréal sont syndiqués. Le seul syndicat, la section locale 522 du SCEP, compte environ 650 membres, essentiellement impliqués dans la fabrication. Les mises à pied les toucheront de plein fouet. Environ la moitié d'entre eux devront quitter l'entreprise, soit dans les deux à trois prochaines semaines, soit à l'automne prochain.

«Nous espérons que certains de ces employés seront rappelés lorsque le marché va se remettre, mais ça devrait prendre un bon moment», a indiqué M. Brown.

Sur les 700 mises à pied à l'échelle mondiale, on retrouve 70 postes de gestion.

De leur côté, les ingénieurs seront relativement épargnés grâce à Falcon, un projet de recherche et développement de 714 millions de dollars, annoncé en mars dernier, qui devrait être maintenu. M. Brown a ajouté que le secteur militaire demeurait robuste, un secteur où les besoins en ingénierie étaient particulièrement importants.

Le grand patron de CAE a noté que les mises à pied n'étaient pas uniquement dues aux difficultés de l'industrie aérienne. L'entreprise a également entrepris une vaste réorganisation de sa structure afin de l'alléger. De nouvelles méthodes de production permettent également de réduire les délais de production. En 2005, la fabrication d'un simulateur pouvait prendre 20 mois. On parle maintenant d'une douzaine de mois.

Les analystes ont bien accueilli la restructuration et les mises à pied, qui toucheront 10% des 7000 employés de CAE à l'échelle mondiale.

«Selon nous, c'était la chose à faire», a indiqué Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

CAE devra inscrire une dépense de restructuration de 34 millions au premier trimestre de l'exercice 2009-2010. Le vice-président exécutif et chef de l'exploitation de l'entreprise, Marc Parent, a indiqué que le gel des salaires et les congés sans solde devraient permettre de contrebalancer une partie de ces dépenses. La restructuration devrait compenser l'autre partie, avec des économies récurrentes de 15 millions de dollars annuellement.

En 2005, peu après son arrivée à la tête de CAE, Robert Brown avait mis en oeuvre un programme de restructuration qui avait entraîné la suppression de 450 emplois, dont 350 à Montréal.

Au cours de la conférence d'hier, M. Brown a indiqué que lui aussi sera soumis à cinq jours de congé sans solde obligatoire. Il n'entend toutefois pas profiter de l'occasion pour jouer au golf.

«Je vais travailler», a-t-il affirmé.