Sous un ciel encore gris, l'industrie aéronautique canadienne investit dans le vert.

L'industrie a annoncé hier la création du Groupement aéronautique de recherche et développement en environnement, un réseau d'entreprises et d'universités qui cherchent à rendre l'aéronautique moins polluante et moins énergivore.

Le groupement pourra compter sur un budget de 23 millions de dollars, étalé sur quatre ans, assumé à parts égales par l'industrie et le gouvernement fédéral.

 

«Nous parlons d'obtenir un avion plus vert, a expliqué le président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), Claude Lajeunesse, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Pour cela, il faut toutes sortes d'éléments. Il faut être plus vert au niveau de la consommation d'essence, du bruit, du cycle complet de vie de l'appareil, du moteur et des contrôles.»

M. Lajeunesse, qui assurera la présidence du conseil d'administration du groupement, a rappelé l'importance de la vague environnementale, surtout en Europe, un important marché pour les produits aéronautiques canadiens.

«L'Union européenne est très ancrée sur des principes vis-à-vis de l'environnement, a-t-il souligné, faisant allusion au récent vote du Parlement européen au sujet de la chasse au phoque. Si nous voulons que nos fabricants puissent exporter leurs avions et leurs hélicoptères en Europe, il faudra respecter leurs critères au niveau de l'environnement. Il faut se préparer pour dans cinq ou 10 ans, pour être là quand ces occasions vont se présenter, pour avoir de nouveaux avions plus verts.»

Trois grandes entreprises canadiennes seront les maîtres d'oeuvre des premiers projets de recherche du groupement, soit Bombardier, Pratt&Whitney Canada et CMC Électronique.

Bombardier sera notamment responsable des projets sur la réduction du bruit lié à l'enveloppe des appareils, sur l'amélioration du design des biréacteurs régionaux et d'affaires et sur le cycle de vie des appareils. Un meilleur design, un meilleur aérodynamisme permettront de rendre les avions plus efficaces, donc moins énergivores et moins polluants.

Quant à la gestion du cycle de vie, il s'agira notamment d'explorer les différentes techniques de recyclage des matériaux à la fin de la vie utile des appareils.

Le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, a affirmé que ce projet témoignait de l'engagement et de la responsabilité sociale de son entreprise.

Mais il s'agit aussi d'une stratégie de développement des produits.

«Afin d'être une entreprise plus résiliente, il faut demeurer à l'avant-garde des technologies les plus récentes qui entrent dans la fabrication d'appareils plus efficaces et moins polluants», a déclaré M. Duchesne.

Pratt&Whitney Canada sera responsable des projets liés davantage aux moteurs, ce qui comprend l'efficacité de la combustion et la réduction des émissions, l'utilisation de carburants alternatifs et les matériaux et procédés de fabrication.

CMC Électronique, entreprise montréalaise beaucoup plus petite que ces deux géants, sera responsable d'un projet sur les systèmes de gestion de vol.

Ces systèmes peuvent contribuer à réduire la consommation de carburant, et les émissions polluantes, en aidant le pilote à choisir, par exemple, la meilleure trajectoire ou la meilleure vitesse de croisière.

«Pour ce projet, nous allons oeuvrer avec l'École de technologie supérieure (ETS) de Montréal, a noté la directrice des communications de CMC, Janka Dvornik. Cela ne va pas créer d'emplois, mais nous allons utiliser nos ressources au niveau de nos systèmes de gestion de vol.»

Outre l'ETS, sept grandes universités participeront aux divers projets, dont l'École polytechnique, l'Université McGill, l'Université Concordia et l'Université de Sherbrooke.

Des PME se joindront à certains projets, comme Messier-Dowty et Standard Aero.

«L'idée, c'est d'avoir un réseau de centres d'excellence qui partent de Montréal, parce que les trois grands acteurs sont installés à Montréal, mais qui s'étend à l'ensemble du pays», a déclaré M. Lajeunesse.