La décision de Cessna de mettre sur la glace son projet de biréacteur d'affaires Citation Columbus aura des impacts négatifs à Mirabel.

Pratt&Whitney Canada (P&WC) a toujours l'intention d'établir une nouvelle usine à Mirabel, mais elle devra revoir à la baisse ses besoins en équipement et en personnel. Cette nouvelle usine devait assembler deux moteurs, le PW800, qui devait propulser le Columbus, et le moteur de la CSeries de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]].

 

«Nous n'aurons pas besoin de personnel pour fabriquer le PW800 s'il n'y a pas de clients», a déclaré le directeur des communications de P&WC, Pierre Boisseau, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

Cessna, aux prises avec de sérieuses difficultés financières, a annoncé mercredi qu'elle suspendait le développement du Columbus. Cet appareil devait être son plus gros réacteur d'affaires. Il devait notamment affronter le Challenger 605 de Bombardier. Cessna, filiale de la multinationale américaine Textron, a fait savoir qu'elle retournera aux clients du Columbus les dépôts versés, soit environ 50 millions US.

Le président de Cessna, Jack Pelton, a cependant affirmé que le Columbus avait encore un grand potentiel et que l'avionneur reprendra son développement «lorsque le marché se redressera».

«L'usine de Mirabel reste dans les plans étant donné que le moteur de la CSeries se fera là, a affirmé M. Boisseau. Les travaux de préparation sont déjà commencés pour notre centre d'essais en vol.»

Il a toutefois reconnu que P&WC revoyait ses plans en fait d'équipement. Elle pourrait devoir retarder certains achats. Par contre, il n'est pas question de revoir la taille des installations. Il a rappelé que Cessna avait l'intention de relancer un jour le Columbus. Il a également affirmé que P&WC discutait avec d'autres clients potentiels pour le PW800. Ce moteur peut propulser des avions d'affaires à grande cabine et à long rayon d'action et des petits biréacteurs régionaux.

«Lorsque nous aurons d'autres contrats pour le PW800, ça va se faire à Mirabel, a soutenu M. Boisseau. Il faut planifier l'espace en fonction des besoins futurs, pour ne pas bâtir quelque chose qui se révélera trop petit.»

Ouverture du centre d'essais

C'est en octobre dernier que P&WC a annoncé l'établissement d'une usine à Mirabel pour l'assemblage du PW800 du Columbus et du moteur de la CSeries. Le premier élément du complexe, un centre d'essais en vol, doit ouvrir ses portes en septembre prochain. Initialement, le projet devait permettre la création d'un peu plus de 250 emplois.

M. Boisseau a indiqué que la décision de Cessna décevait P&WC, mais que le motoriste se montrait compréhensif.

«Nous traversons tous cette période économique difficile, a-t-il déclaré. Nous gardons espoir que, lorsque l'économie se redressera, Cessna remettra le programme du Columbus sur les rails et que nous aurons du succès avec d'autres manufacturiers.»

Il a souligné que le P&WC continuera à travailler sur le développement de nouveaux moteurs. «Ç'a toujours été la clé de notre succès», a-t-il lancé.

Bombardier

Par ailleurs, Bombardier pourrait profiter de l'abandon de l'avion d'affaires Citation Columbus. C'est ce que croit l'analyste Richard Aboulafia, du Teal Group, firme de consultation américaine.

«Les grands gagnants sont le Falcon 2000EX (de l'avionneur français Dassault) et le Challenger 605 de Bombardier, les concurrents les plus rapprochés en matière de prix», a déclaré M. Aboulafia au magazine spécialisé Flight International. Le Challenger est assemblé dans la région montréalaise.

L'analyste Jacques Kavafian, de la firme Research Capital, ne croit toutefois pas que l'impact sera très significatif pour Bombardier Aéronautique.

Au cours d'un entretien téléphonique, il a souligné que le Citation Columbus n'était pas très populaire.

Au début du mois, le carnet de commandes pour l'appareil de huit places était tout de même évalué à 2,3 milliards US et Cessna avait reçu des dépôts de 56 millions US de la part de ses clients.