Le marché automobile américain devrait une nouvelle fois avoir plongé en mars de l'ordre de 40% par rapport à son niveau d'il y a un an, estiment les cabinets spécialisés JD Power et Edmunds.

En février, les immatriculations de voitures neuves avaient chuté de 41% sur un an, à 688.900 unités.

Sur la base d'une enquête menée auprès de plus de 10 000 concessionnaires, JD Power table sur un marché de 633 000 véhicules pour le mois en cours, contre 1,07 million en mars 2008.

En données ajustées du nombre de jours ouvrables, Edmunds table quant à lui sur une chute de 40,4%, mais de 42,7% en données brutes, avec un marché estimé à 774 000 unités.

«Si les ventes se poursuivent à ce rythme, ça se traduit par (des ventes annuelles totales) de seulement 8,9 millions d'unités, ce qui est un peu plus que la moitié des ventes de 2007», a remarqué le directeur général d'Edmunds Jeremy Anwyl, cité dans un communiqué.

Il y a un mois, General Motors, qui lutte pour sa survie, tablait sur un marché annuel de 10,5 millions de véhicules.

Or d'après Edmunds le numéro un américain est une nouvelle fois parmi ceux dont la chute des ventes s'annonce la plus marquée, à 49,6% en données non ajustées (après une chute de 52,9% en février).

Le numéro deux américain Ford, qui à la différence de GM n'a ni demandé ni obtenu d'aide publique, pourrait voir ses ventes chuter plus lourdement encore (de 49,8% en données non ajustées, 47,8% en chiffres ajustés), alors que Chrysler verrait ses ventes plonger de 46,0% (données non ajustées, 43,8% en chiffres ajustés).

Les constructeurs étrangers s'en tirent un peu moins mal, notamment Hyundai avec un recul limité à 15,6% (18,9% en données non ajustées).

«Le marché automobile est en recul de 40% au premier trimestre 2009, mais le reste de l'année reste une question ouverte», a cependant déclaré Gary Dilts, un responsable de JD Power.

En dépit de «vents contraires», «nous prévoyons qu'un redressement de Wall Street et une remontée de la confiance des consommateurs pourraient faire renaître le marché», a-t-il ajouté.

Selon l'étude JD Power, les «crossover», modèles à la carrosserie de 4x4 mais à la motorisation de berline, resistent le mieux, avec même une hausse des ventes de 3% par rapport à mars 2008.

En revanche les 4x4 classiques, et les berlines petites et moyennes enregistreraient le plus fort recul.

Edmunds souligne pour sa part que le marché souffre de l'austérité des consommateurs: plus de 20% des clients s'étant récemment renseignés sur des modèles neufs ont finalement choisi d'acheter un véhicule d'occasion, une tendance qui semble s'être accentuée en mars.

«Aucun constructeur ne peut survivre si le marché des voitures neuves ne s'ouvre pas bientôt», a souligné l'analyste d'Edmunds Michelle Krebs, plaidant pour l'instauration d'une prime à la casse ou d'autres incitations fiscales.

Les constructeurs américains doivent publier leurs ventes de mars mercredi, alors qu'est attendue d'un jour à l'autre la décision de l'administration Obama de continuer ou non à aider General Motors et Chrysler, qui n'ont survécu que grâce aux milliards de dollars de fonds publics débloqués depuis décembre. Le troisième constructeur américain Ford n'a pas demandé d'aide publique.

Barack Obama a signalé jeudi qu'il était prêt à mettre plus d'argent pour sauver l'industrie automobile américaine de la faillite, mais a réclamé en retour une restructuration «douloureuse» et «draconienne».