Des sources familières avec les plans de Chrysler affirment que le constructeur automobile a déjà commencé à préparer, en coulisse, le retrait de ses activités au Canada dans l'éventualité où il ne parviendrait pas à s'entendre avec le syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) d'ici la fin du mois.

Chrysler affirme devoir réduire ses coûts de main-d'oeuvre d'environ 20 $ de l'heure pour être concurrentielle aux constructeurs étrangers qui ont des activités au Canada, comme Toyota.

Actuellement, la compagnie estime que ses coûts de main-d'oeuvre - incluant les salaires, les avantages sociaux, les diverses primes et les prestations de retraite - sont d'environ 76 $ l'heure. Pour être concurrentielle avec les usines canadiennes de Toyota, elle soutient qu'elle devrait réduire ces coûts à 57 $ l'heure.

Le président de Chrysler, Tom LaSorda, a affirmé la semaine dernière, devant un comité parlementaire, que l'entente conclue entre les TCA et General Motors du Canada n'était pas suffisante et que son entreprise demanderait davantage de concessions au syndicat, sans quoi elle devrait abandonner sa présence au Canada.

Selon une source familière avec les objectifs de Chrysler, le constructeur a déjà commencé à étudier «des sites alternatifs avec des structures de coûts plus concurrentielles» pour ses activités canadiennes, qui comprennent environ 10 000 travailleurs dans ses usines d'assemblage de Windsor et Brampton, en Ontario, ainsi que dans une installation de moulage à Toronto.

Le président des TCA, Ken Lewenza, a indiqué qu'il n'était pas question de faire davantage de compromis pour Chrysler que le syndicat en a accordé à General Motors du Canada plus tôt en mars.

Chrysler estime que l'accord avec GM, lequel a été ratifié la semaine dernière par les membres des TCA, réduit les coûts de main-d'oeuvre du constructeur d'environ 7 $ de l'heure - ce que M. LaSorda a qualifié d'«inacceptable».

Selon la même source, la compagnie juge pouvoir réduire ses coûts sans toucher aux salaires et tentera plutôt de sabrer dans les avantages sociaux comme les congés payés, l'aide aux chômeurs et les primes de temps supplémentaire.

Comparativement aux avantages des Travailleurs unis de l'automobile (UAW) aux États-Unis, ceux des TCA laissent beaucoup de marge de manoeuvre à Chrysler, a précisé la source.

Par exemple, les syndiqués des TCA ont droit à un maximum de six semaines de vacances, tandis que leurs confrères aux États-Unis n'ont droit qu'à cinq semaines. Les travailleurs canadiens ont aussi davantage de pauses pendant leurs quarts de travail que les syndiqués des UAW.

Chrysler doit soumettre son plan de restructuration, incluant une nouvelle convention collective, aux autorités fédérales et ontariennes d'ici la fin mars si elle veut recevoir l'aide gouvernementale d'environ 2,3 milliards $ US qu'elle a réclamée.

Le constructeur fait valoir que s'il ne peut pas conclure d'entente avec les TCA, il ne recevra pas l'aide financière du gouvernement, ce qui le forcerait à abandonner ses activités canadiennes.