Le constructeur automobile américain General Motors (GM) a évoqué jeudi la possibilité d'une liquidation, si Washington refusait de lui verser les milliards de dollars de rallonge que le groupe réclame et si le robinet du crédit continue de lui être fermé.

«La récurrence de nos pertes opérationnelles (...) et notre incapacité à générer des liquidités suffisantes pour faire face à nos obligations et soutenir nos activités soulève un doute substantiel sur notre capacité à survivre», a expliqué General Motors (GM) dans ce document.Cette conclusion «n'était pas inattendue», a commenté séparément le groupe, tout en assurant que cela ne perturbait pas la mise en oeuvre actuelle de ses «mesures drastiques de restructuration».

De son côté, le Trésor a indiqué qu'il travaillait «en permanence» pour trouver la solution «la plus sensée» pour le secteur automobile.

Dans son rapport annuel, GM a de nouveau brandi la menace d'un dépôt de bilan via la loi sur les faillites dite «chapitre 11», qui permet de se restructurer à l'abri des créanciers, et admis la possibilité d'une liquidation pure et simple, dite «chapitre 7».

«Si nous ne parvenons pas à obtenir un financement approprié par le gouvernement américain ou par d'autres sources (les banques, ndlr), ou si notre +plan de viabilité+ ne débouche pas sur une entreprise capable d'assurer par elle-même sa pérennité sur le long terme», GM pourrait «potentiellement être contraint de demander la protection de la loi américaine des faillites».

Dans le scénario le plus pessimiste, «nous serions contraints à la liquidation, via le chapitre 7», a affirmé le constructeur.

GM a ajouté qu'il n'y a «aucune garantie» que le marché automobile mondial se ressaisisse, ce qui compromet la réussite de son plan de redressement.

Le groupe, qui a déjà reçu 13,4 milliards de dollars du Trésor en décembre et cumule 86 milliards de dollars de pertes depuis 2005, attend que Washington valide ce plan «de viabilité».

Un point a été fait le 17 février mais le plan doit être bouclé d'ici la fin du mois et convaincre Washington de débloquer, ou non, la rallonge réclamée par GM: jusqu'à 16,6 milliards de dollars.

A la Bourse de New York, l'action GM plongeait de 17,27% à 1,82 dollar vers 17H45 GMT.

«Dans les faits, GM est déjà en faillite. La seule question est de savoir qui va détenir ses actifs», commentait Douglas McIntyre, du site d'analyse financière 247WallSt.com.

Selon la presse, le gouvernement américain étudierait sérieusement l'option du chapitre 11 pour GM en raison de la difficulté à réussir une restructuration avec la débâcle actuelle du marché automobile.

Le seul marché américain a accéléré son plongeon en février: -41% sur un an, dont -53% pour GM, selon des chiffres publiés mardi.

Selon le cabinet Autodata, les chiffres de février représentent un marché américain de 9,1 millions d'unités cette année, soit un effondrement potentiel de 31%, pire que les -18% accusés en 2008.

Depuis la fin 2008, GM fait valoir qu'un recours au chapitre 11 aurait des conséquences désastreuses, menaçant jusqu'à 3 millions d'emplois directs et indirects aux Etats-Unis.

Le chapitre 11 signifierait enfin un effondrement supplémentaire des ventes, de -50% à -80% selon une estimation de GM dans son plan de viabilité, car un dépôt de bilan «éroderait la confiance des consommateurs».