En amorçant un virage santé dans son offre de produits, la PME Rapid Snack va pratiquement doubler son chiffre d'affaires d'ici 2010. Rapid Snack est un fabricant montréalais de carrés à la guimauve (carrés aux Rice Krispies dans le langage populaire) dont l'objectif était de conquérir la planète une bouchée à la fois.

Mais Martin Joyal, président et principal actionnaire de la PME, a changé son fusil d'épaule. À tous le moins, a-t-il revu sa stratégie. Même si le carré à la guimauve est une collation excessivement populaire, l'homme d'affaires de 39 ans a compris qu'il ne pouvait exceller à la fois dans la création de nouveaux produits et leur mise en marché.

 

Par exemple, il y a quelques années, M. Joyal a eu la brillante idée de créer un carré à la guimauve en forme de rondelle de hockey, une façon originale, croyait-il, d'amasser des fonds pour les équipes de hockey. «Tout le monde est tombé amoureux du concept de la rondelle, sauf que je n'avais ni l'énergie, ni l'armée de vendeurs nécessaires pour promouvoir le produit. Une erreur de parcours qui m'a coûté au moins 25 000$. Ce n'était pas ma première, ni ma dernière erreur du genre», avoue-t-il avec une certaine franchise.

Avec le temps, Rapid Snack a donc laissé tomber ses propres marques pour fabriquer des marques privées. L'entreprise a également compris que les produits santé ont de plus en plus la cote. D'où son association avec un géant canadien de la boulangerie (dont M. Joyal préfère taire le nom) et pour laquelle la PME fabrique des carrés aux céréales et aux fruits approuvés par la Fondation des maladies du coeur. Son inventaire d'ingrédients est passé de 4... à 250. On est loin du carré à la guimauve recouvert de pépites multicolores.

Grâce à ce nouveau partenariat, Martin Joyal prévoit enregistrer des ventes d'environ 7 millions de dollars au cours des 12 prochains mois. Pas trop mal pour quelqu'un qui, en 2001, ne connaissait strictement rien à la fabrication de produits agroalimentaires lorsqu'il a acheté l'entreprise Collation rapide, laquelle était au bord de la faillite.

Mais attention, Martin Joyal n'est pas né de la dernière pluie. Cet hyperactif doublé d'un verbomoteur a une connaissance hallucinante du commerce de détail. Entre 1990 et 2000, il a tour à tour été gérant d'un Couche-Tard, acheteur pour les supermarchés Maxi et vendeur pour le compte de Humpty Dumpty.

Croissance

N'eût été de l'année 2007, où la PME a connu une baisse de ses revenus et où elle a dû licencier des employés et revoir complètement sa structure, Rapid Snack a rendez-vous avec la croissance depuis 2001. L'un de ses secrets est d'avoir su varier ses clients. Que ce soit sous forme de petites bouchées à la guimauve ou de barres multigrains, l'entreprise dessert les marchés des machines distributrices, des grandes surfaces (Wal-Mart [[|ticker sym='WMT'|]], Costco [[|ticker sym='COST'|]], etc), des cafés (genre Second Cup), etc. Ses produits sont même certifiés «halal» et «kascher».

Rapid Snack termine actuellement un investissement de 1,3 million de dollars qui servira à l'agrandissement et au réaménagement de ses installations montréalaises, mais aussi à l'achat de nouveaux équipements. Du coup, la PME pourra tripler sa capacité de production.

Un autre élément qui fait de Rapid Snack une entreprise pas comme les autres: sur 45 employés, la PME se targue de compter des gens originaires de 18 pays. Une sorte de Nations unies dont Martin Joyal prend un soin jaloux, par exemple, en tenant ses employés informés sur les moindres desseins de l'entreprise. Qui plus est, Rapid Snack offre des cours de français à tous ceux et celles qui en manifestent le désir. Et pendant les heures de travail!

«La meilleure façon de valoriser une personne qui vient d'arriver est de lui donner un travail et de lui apprendre notre langue. D'ailleurs, je ne manque jamais d'employés. Aussitôt que j'ai des besoins, mes employés en parlent à leur famille et hop! j'ai du monde. C'est enrichissant pour tout le monde et en plus, ça me permet de tester mes produits auprès de différentes nationalités. Car les carrés à la guimauve sont surtout connus, pour l'instant, en Amérique du Nord», explique Martin Joyal.

Pour ce qui est, justement, de ses visées mondiales, Martin Joyal a mis ses projets en veilleuse. Il devait ouvrir une usine en Algérie l'an passé. Du coup, il aurait pu facilement desservir le marché européen pour une fraction du prix. Mais son partenariat avec des industriels algériens tarde à se concrétiser. Idem au Honduras, où les affaires prennent du temps à bouger, affirme le président de Rapid Snack.

Mais qui sait ce que l'avenir réserve à la PME?

 

Conseil PME de la semaine

«Il ne faut pas mettre de côté l'idée de faire affaires avec la Chine à cause du ralentissement économique. Au contraire, les gens sont moins pressés et c'est de cette façon qu'on développe une relation de confiance. Et en plus, le marché est moins spéculatif.»

Pierre Racicot, président de Ligne directe Québec, entreprise qui se spécialise dans les partenariats avec la Chine.