Après Bombardier Aéronautique, c'est maintenant au tour de Bombardier Transport d'encaisser une mauvaise nouvelle.

Un consortium formé par Bombardier Transport, Siemens et deux autres partenaires est en voie de perdre un énorme contrat de 7,5 milliards de livres (13,3 milliards CAN) pour la construction et l'entretien de nouveaux trains à grande vitesse Super Express au Royaume-Uni. Le ministère britannique des Transports a plutôt choisi un consortium présidé par la multinationale Hitachi comme soumissionnaire privilégié.

«Nous sommes déçus que notre consortium ne soit pas retenu, a sobrement commenté le porte-parole de Bombardier Transport, David Slack. Mais c'est ce qui arrive lorsqu'on participe à des appels d'offres, on ne peut pas gagner tous les contrats.»

 

Toutefois, le choix d'Hitachi, qui n'a aucune installation manufacturière dans le domaine ferroviaire au Royaume-Uni, a fait bondir les syndicats britanniques.

«Nous devons savoir pourquoi la commande n'a pas été placée auprès de Bombardier, qui possède une usine de fabrication de trains à Derby et qui peut compter sur une main-d'oeuvre qualifiée, a déclaré le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du rail, de la mer et des transports (RMT), Bob Crow, dans un communiqué hier. Si le Japon peut s'assurer que les trains à grande vitesse qui circulent sur ses voies sont entièrement fabriqués chez lui, il n'y a pas de raison pour que la Grande-Bretagne ne fasse pas de même.»

Hitachi a promis d'établir une usine d'assemblage en Grande-Bretagne si elle obtient le contrat. Toutefois, le Times of London a rapporté qu'elle fabriquera et assemblera les 70 premières voitures (sur un total de 1400 voitures) au Japon.

Hitachi fera assembler les 1330 autres dans ses nouvelles installations britanniques, mais les caisses et des pièces du système de propulsion et des bogies proviendront du Japon.

Le secrétaire britannique des Transports, Geoff Hoon, a affirmé que l'attribution du contrat au consortium présidé par Hitachi permettra de créer ou sauver 12 500 emplois. Le député travailliste Bob Laxton, qui représente la circonscription de Derby North, a contesté ce chiffre. Il a également soutenu que la soumission d'Hitachi finira par coûter plus cher aux contribuables britanniques.

«Hitachi cherchera à obtenir de l'aide du gouvernement ou des agences de développement régional pour s'établir, alors que Bombardier n'en aura pas besoin puisqu'elle est déjà installée ici, a-t-il soutenu, cité dans le Times of London. Je ne comprends pas pourquoi le département des Transports à pris cette décision.»

Selon le Times, le secrétaire Hoon a fini par admettre hier en après-midi que la fabrication et l'entretien des trains ne créeront que 2500 emplois en Grande-Bretagne.

Bombardier Transport a obtenu un très mince prix de consolation hier: le département des Transports l'a choisie comme soumissionnaire privilégié pour la construction de 120 voitures pour le service Stanstead Express. En outre, le département a indiqué que le consortium Bombardier-Siemens demeurera en réserve en cas d'échec des négociations entre le gouvernement et Hitachi.

Les analystes canadiens ont minimisé l'impact de la perte du contrat de trains Super Express pour Bombardier Transport.

«C'est une mauvaise nouvelle pour Bombardier Transport, mais elle a quand même un carnet de commandes bien rempli et de gros projets dans le pipeline, a affirmé Cameron Doerksen, de la firme Versant Partners. Ça ne change pas ses perspectives, elle va continuer à croître et gagner d'autres contrats.»

David Slack a d'ailleurs indiqué que le Royaume-Uni devrait annoncer quatre ou cinq autres projets au cours des 18 prochains mois, pour un total de 2200 voitures.

De son côté, Richard Stoneman, de la firme Dundee Securities, a souligné que les négociations entre le gouvernement britannique et Hitachi devraient prendre de 12 à 18 mois avant de donner lieu à un contrat en bonne et due forme. Bien des choses peuvent donc se passer entre-temps.

«Avec le taux de chômage au Royaume-Uni, quelqu'un voudra revoir cela de plus près», a-t-il déclaré.

L'action de catégorie B de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] a gagné 12 cents pour clôturer à 3,53$ hier, à la Bourse de Toronto.