General Motors (GM) se présentera devant le Congrès américain avec quelques kilos en moins. Une semaine exactement avant d'aller plaider sa survie auprès du gouvernement, le géant automobile a dit adieu à 10 000 cols blancs... et a sabré le chèque de paie de plusieurs de ceux qui restent. Le nombre de cols blancs chez GM passe ainsi de 73 000 à 63 000, une baisse de près de 14%.

«Ces actions difficiles sont rendues nécessaires par une importante chute des ventes de véhicules dans le monde et par le besoin de GM de se restructurer pour assurer sa viabilité à long terme», a indiqué hier l'entreprise.

 

Aux États-Unis, c'est 3400 des 29 500 ingénieurs, cadres et autres employés de bureau qui seront remerciés, la plupart d'ici le 1er mai prochain. Les cadres qui restent verront leur chèque de paie amputé de 10%, tandis que «plusieurs» des autres cols blancs essuieront des pertes de salaire entre 3 et 7%.

GM Canada a confirmé que «les opérations canadiennes seront touchées par les abolitions de postes et les baisses de salaire», mais n'a pas pu préciser exactement combien d'employés perdront leur emploi. Patty Faith, directrice des relations médias de GM Canada, a précisé que les baisses de salaires au Canada seront calquées sur celles en vigueur aux États-Unis.

C'est donc 2000 cols blancs canadiens de GM qui retiennent leur souffle aujourd'hui, dont une cinquantaine de cadres. La décision aura très peu d'impact au Québec, où GM n'emploie que 50 employés salariés (par opposition aux employés syndiqués, qui sont payés à l'heure).

Les syndiqués canadiens voient d'ailleurs tomber le couperet sur les cols blancs avec déception et appréhension. «Voir 10 000 emplois passer sous la hache, ce n'est pas un développement positif d'aucune façon», a dit à La Presse Affaires Peter Kennedy, assistant au secrétaire-trésorier des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA).

De la pression

GM est actuellement en train de négocier avec le syndicat américain pour revoir les conditions des employés américains. De leur côté, les syndiqués canadiens attendent, bien conscients qu'ils sont les prochains sur la liste.

«Ça va mettre de la pression dans le sens où il va y avoir des gens qui veulent attaquer le mouvement syndical pour toutes sortes d'autres raisons et qui vont dire: eux l'ont fait, donc vous devez aussi le faire», a dit M. Kennedy, des TCA, en parlant des coupes de salaire des employés salariés.

L'annonce d'hier marque le début du plan de relance de GM, qui doit se présenter devant le Congrès américain mardi prochain. Le plus gros constructeur automobile des États-Unis doit démontrer sa viabilité et sa capacité à rembourser les 13,4 milliards US octroyés par le gouvernement américain d'ici 2011.

Selon Christian Navarre, spécialiste de l'industrie automobile à l'École de gestion de l'Université d'Ottawa, les abolitions de postes et les baisses de salaire des cols blancs annoncées hier étaient essentielles.

«Il aurait été difficile de convaincre le Congrès sans le faire», dit-il, appuyant l'idée selon laquelle les abolitions de postes chez les cols bleus suivront.

Au niveau canadien, M. Navarre souligne qu'il faudra surveiller lesquelles des neuf chaînes de montage que GM a annoncé vouloir fermer seront condamnées. Il se montre assez optimiste pour les installations canadiennes, affirmant qu'aucune d'entre elles ne fabrique des véhicules qu'il classe parmi les «marques en péril».

L'action de GM a reculé de 13 cents US, à 2,70$US hier, à la Bourse de New York.