Pour tirer son épingle du jeu malgré la décroissance de son industrie, la papetière Cascades(T.CAS) a mis au point de nouvelles façons de faire. «On est en mode d'idées nouvelles pour trouver des avenues qu'on ne pensait pas explorer auparavant, dit son président Alain Lemaire. On ose faire de nouveaux produits, chose qu'on ne faisait pas avant.»

Depuis deux ans, Cascades met davantage d'accent sur l'innovation. Cela lui permet de se distinguer de ses concurrents et de mettre de l'avant, par exemple, ses produits écologiques.

 

On connaît déjà ses barquettes Bioxo, qui se décomposent en moins de trois ans (par rapport à plus de 300 ans pour la mousse de polystyrène). Elles sont notamment utilisées par les Rôtisseries St-Hubert.

Du côté de l'emballage, la société s'apprête à mettre en marché un produit unique pour les épiciers. Présentement, les boîtes de carton pour entreposer les fruits et les légumes sont cirées afin de les rendre résistantes à l'humidité et à l'eau.

«On a mis au point un nouveau papier et une nouvelle colle qui sont recyclables, explique M. Lemaire. Les épiciers n'auront plus à faire le tri entre les boîtes cirées et les boîtes de carton classiques.»

Un autre exemple? Sa filiale Dopaco, un des principaux fournisseurs nord-américains de verres, couverts et gobelets de café pour le secteur de la restauration rapide, est sur le point d'offrir des produits avec un pourcentage recyclé.

Développement durable

Cascades, un des fleurons du Québec inc., a été une entreprise soucieuse de l'environnement et du recyclage bien avant que les questions écologiques ne s'inscrivent à l'ordre du jour. «On a commencé à faire du marketing pour faire valoir nos valeurs de développement durable», dit le président.

Depuis trois ans, l'entrerpise a aussi lancé la marque Cascades pour les papiers hygiéniques, les essuie-tout, etc.

Même si la situation est difficile, l'entreprise de Kingsey Falls s'en tire quand même mieux que bien d'autres dans l'industrie.

Par rapport aux papiers fins et au papier journal, les secteurs de l'emballage, des cartons plats (boîtes de céréales, etc.) et des cartons ondulés (boîtes de carton classiques) connaissent une moins grande décroissance. «On n'est pas dans la pâte, sauf la pâte désencrée, ajoute le grand patron. En plus, on profite de la demande de produits faits à base de papiers recyclés et de cartons recyclés, dont nous sommes un des principaux fabricants.»

Gestion serrée

Cela dit, Cascades gère ses activités de façon très serrée depuis cinq ans.

La baisse de la demande, l'effet du dollar canadien et la hausse de l'énergie ont amené d'importantes rationalisations au cours des dernières années. Des 140 unités d'exploitation (usines de transformation, moulins à papier, centres de distributions), il en reste moins de 100.

«Il y a encore quelques usines vulnérables mais on a fait de très grands pas jusqu'à présent, dit-il. Si l'économie s'effondre, on devra faire d'autres gestes. Mais ce n'est pas ce qu'on prévoit.»

Par prudence, le président a quand même l'intention de garder le «maximum de liquidités» au cas où ça irait plus mal.

«On est en très bonne position et on ne veut pas se mettre dans une situation où les banques vont nous dicter quoi faire», précise le dirigeant.

Cascades a «quelques centaines» de millions comme coussin. Et elle n'a pas de refinancement à faire avant 2011 et 2013.

L'entreprise ralentira aussi ses dépenses d'immobilisation à 100 millions cette année au lieu de 150 à 175 millions dans les années passées. «On sera très prudent, mais ça ne veut pas dire qu'on ne fera pas de petites acquisitions», dit Alain Lemaire.

Dans sa ligne de mire, des entreprises spécialisées dans les papiers sanitaires et domestiques et dans l'emballage en Amérique du Nord. La valeur des transactions pourrait s'élever entre 10 et 50 millions.

«Si on en fait, il faudra des synergies importantes ou des diversifications dans un créneau connexe», assure M. Lemaire.

 

ACTIVITÉS

Fondée en 1964, Cascades fabrique, transforme et commercialise des produits d'emballage et de papiers sanitaires et domestiques composés principalement de fibres recyclées. Le groupe compte 14 000 employés dans plus d'une centaine d'unités d'exploitation en Amérique du Nord et en Europe, pour des revenus d'environ 4 milliards. Ses actions se négocient à la Bourse de Toronto sous le symbole CAS.

 

DÉFI

Faire grandir l'entreprise alors que l'industrie des pâtes et papiers est en décroissance.

 

STRATÉGIES

Mettre au point de nouveaux produits, rationaliser des activités et faire des acquisitions