Warren Buffett, l'un des plus célèbres et des plus célébrés investisseurs au monde, n'a toujours pas nommé son successeur dans sa fameuse lettre annuelle aux actionnaires, mais à 88 ans il dit toujours rêver d'une acquisition « éléphantesque ».

La lettre de M. Buffett aux actionnaires de Berkshire Hathaway, sa holding à la tête de multiples entreprises de secteurs très variés mais aussi d'un énorme portefeuille en actions diverses, est lue avec attention par le tout Wall Street et au-delà, « l'oracle d'Omaha » ayant pour habitude d'y distiller son opinion sur l'état de l'économie ou sur la sagesse d'investir dans tel ou tel produit d'investissement.

Dans l'édition 2018, il explique que son coeur, comme celui de son partenaire de toujours, Charlie Munger, 95 ans, « continue de battre plus vite » à l'idée d'une acquisition « éléphantesque ».

« Dans les années qui viennent, nous espérons pouvoir mettre notre excès de cash dans des entreprises que Berkshire détiendra durablement. La probabilité que cela se produise dans l'immédiat n'est pas bonne : les prix sont faramineux pour des entreprises qui offrent de bonnes perspectives », écrit M. Buffett.

Pour l'heure, la holding dispose de plus de 100 milliards de dollars de liquidités rapidement disponibles si une opportunité devait se présenter.

L'investisseur reste également muet sur le nom de son successeur mais n'a pas tari d'éloges au sujet de ses deux lieutenants qui, depuis 2018, ont pris les rênes de l'essentiel des opérations au jour le jour : Ajit Jain et Greg Abel. La décision de leur donner un rôle plus central « aurait dû être prise plus tôt », note le légendaire investisseur.

L'un de ces deux hommes devrait succéder à M. Buffet.

« Berkshire est désormais bien mieux géré que quand je supervisais les opérations tout seul », a-t-il souligné.  

En termes de résultats l'année s'est plutôt mal terminée pour M. Buffett, son pari sur Kraft Heinz, le fabricant du fameux ketchup et des macaronis au fromage instantanés, ayant effacé presque 3 milliards de dollars des bénéfices de Berkshire, qui se sont élevés à 4 milliards de dollars en 2018. Kraft Heinz, dont Berkshire contrôle 25 %, a dû annoncer jeudi une dépréciation de quelque 15 milliards de dollars de ses actifs faute d'avoir su s'adapter aux nouveaux goûts des consommateurs.

M. Buffett a aussi critiqué une nouvelle fois une règle comptable qui impose d'intégrer les plus-values ou moins values non réalisées dans le calcul du résultat net selon les normes GAAP.

Avec un portefeuille de 173 milliards de dollars à fin 2018 en actions, « les variations de grande ampleur de nos résultats trimestriels vont inévitablement se poursuivre ».  

« De fait, au quatrième trimestre, une période de très grande volatilité dans le prix des actions, nous avons vu plusieurs jours avec des "bénéfices" ou des "pertes" de plus de 4 milliards de dollars », insiste M. Buffet.