Le shutdown de l'administration américaine en janvier a fait grimper le taux de chômage aux États-Unis, mais n'a pas entamé le dynamisme du marché du travail, où les embauches ont encore été pléthore.

Le taux de chômage a avancé d'un dixième de point de pourcentage à 4 % le mois dernier, au plus haut depuis sept mois, notamment à cause de la mise au chômage forcé de milliers de fonctionnaires pendant l'impasse budgétaire du shutdown, selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi.  

Le marché du travail est toutefois resté très dynamique avec 304 000 créations d'emplois, un sommet depuis un an.

C'est bien au-dessus des prévisions des analystes qui misaient sur 160 000 embauches et un taux de chômage stable à 3,9 %.

« L'économie américaine a créé un nombre impressionnant d'emplois en janvier, bien au-delà de nos projections », ont affirmé les économistes d'Oxford Economics.

Ces nouvelles embauches massives scellent le record de 100 mois d'affilée de créations d'emplois, a souligné Chris Low de FTN Financial.

Néanmoins, le département a fortement révisé en baisse les créations d'emplois de décembre qui ressortent à 220 000 (-90 000).

En moyenne sur les trois derniers mois, l'économie américaine a créé 241 000 emplois mensuels.

La fermeture partielle de l'administration, qui a duré 35 jours, n'a pas affecté l'enquête réalisée auprès des entreprises qui fait le compte des embauches.  

Les fonctionnaires fédéraux restent en effet comptés comme employés même s'ils n'ont pas travaillé ou ont travaillé sans être payés.

« Il est probable que certaines industries du secteur privé aient souffert du shutdown, mais nous ne sommes pas en mesure de quantifier cet impact », écrit le département.

En revanche, dans l'enquête portant sur le taux de chômage et réalisée auprès des ménages, le nombre de « renvois temporaires » a augmenté de 175 000 le mois dernier et contribué à faire grimper le taux de chômage à 4 % pour la première fois depuis juin.

Bond du temps partiel

Le nombre de chômeurs a gonflé de 241 000, à plus de 6,5 millions. « L'impact de la fermeture partielle de l'administration a contribué à la hausse de ces chiffres », reconnaît le département.

Autre conséquence de la paralysie administrative, les emplois à temps partiel ont fait un bond d'un demi-million, pour atteindre 5,1 millions, au plus haut depuis septembre 2017.

« Tous ces emplois sont intervenus dans le secteur privé et reflètent sans doute l'impact du shutdown », admet encore le département du Travail alors que des fonctionnaires sans travail ont dû chercher des emplois temporaires.

Au rang des bonnes nouvelles, le taux de participation au marché du travail a encore progressé pour atteindre 63,2 %, son plus haut niveau depuis septembre 2013. Cela reflète généralement une confiance dans l'économie puisque davantage de personnes travaillent ou cherchent à travailler.

C'est le secteur des loisirs et de l'hôtellerie qui a le plus embauché, suivi du bâtiment qui a bénéficié d'un temps clément en janvier et du secteur de la santé.  

Au total, le secteur des services, de loin le premier employeur, a créé 224 000 postes tandis que le secteur de production de biens en a créé 72 000, ce qui est tout de même la meilleure performance depuis 11 mois.

Quelque 13 000 embauches sont intervenues dans le secteur manufacturier, un peu moins qu'en novembre.

Le salaire horaire moyen a peu augmenté, n'avançant que de 0,1 % (3 cents), alors que les analystes projetaient +0,2 %, après une hausse plus substantielle en décembre (10 cents).

Concernant la Banque centrale (Fed), qui vient d'annoncer qu'elle faisait une pause sur les hausses de taux à cause du ralentissement de l'économie mondiale et des incertitudes commerciales aux États-Unis, l'insolente vitalité des créations d'emplois pourrait la faire réfléchir. « Cela ouvre certainement le débat », note Chris Low.

Pour Gregory Daco d'Oxford Economics, « cela laisse de la latitude pour l'approche "patiente" de la Fed, mais cela suggère aussi qu'en étant flexible et attentive aux données, elle se garde la possibilité de relever les taux en 2019 ».