La croissance des États-Unis va s'accélérer à un rythme particulièrement soutenu en 2018, largement stimulée par les réductions d'impôts, mais elle va s'essouffler dès l'an prochain sous l'effet de la guerre commerciale avec la Chine, selon de nouvelles projections du FMI publiées lundi.

Le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu lundi sa prévision d'une expansion de 2,9% cette année de la première économie mondiale, un rythme bien supérieur à celui attendu pour l'ensemble des pays avancés (+2,4%).

«La croissance aux États-Unis demeure pour le moment exceptionnellement robuste», a résumé Maurice Obsfeld, chef économiste de l'institution de Washington, imputant cette vigueur au stimulus budgétaire de l'administration Trump.

Mesure phare du mandat du président américain Donald Trump, la réforme fiscale adoptée fin 2017 -la plus importante depuis trente ans - a réduit certains impôts sur le revenu et, surtout, a abaissé l'impôt sur les sociétés de 35% à 21%. Ce qui a eu pour effet de doper la croissance.

À 4,2% au deuxième trimestre, selon les statistiques de l'administration américaine, la croissance a ainsi enregistré la plus forte allure depuis quatre ans.

Mais le FMI anticipe un ralentissement l'année prochaine à 2,5%, soit une baisse de 0,2 point par rapport à sa précédente estimation de juillet, en raison des taxes douanières que Washington et Pékin se sont mutuellement imposées ces derniers mois.

Bien que leurs effets ne soient pas encore immédiatement tangibles, les taxes douanières imposées cet été par l'administration Trump sur 250 milliards de dollars d'importations chinoises et les représailles de Pékin sur 110 milliards de dollars de marchandises américaines vont contrarier l'expansion actuelle, estime le Fonds.

En outre, la croissance américaine va ralentir un peu plus en 2020, à +1,8%, à mesure que les effets du paquet budgétaire et fiscal vont s'estomper, anticipe le FMI.

L'institution de Washington discerne également plusieurs nuages à l'horizon. Les coupes d'impôts, qui dopent une économie déjà «au-dessus de son potentiel», risquent d'engendrer «une inflation plus rapide que prévu», prévient-elle.

Pour le moment, l'inflation semble maîtrisée autour de la cible des 2% que la Banque centrale juge bons pour l'économie.

Mais si la hausse des prix venait à accélérer brutalement, «cela pourrait provoquer une hausse des taux d'intérêt plus rapide que prévu actuellement (...), un renchérissement du dollar avec des effets potentiellement négatifs sur l'économie mondiale», prévient le FMI. 

Salaire minimum? 

Par ailleurs, il s'inquiète une nouvelle fois des conséquences du stimulus sur un creusement du déficit budgétaire, qui approchait déjà fin septembre près de 1000 milliards de dollars, laissant peu d'espace fiscal pour soutenir l'économie en cas de besoin.

L'institution recommande par ailleurs de surveiller davantage la hausse de l'endettement, les critères d'obtention des crédits alloués aux entreprises ou encore les risques des cyber-attaques. Elle met aussi en garde contre les velléités de dérégulation dans la finance qui pourraient faire rejaillir les faiblesses du secteur.

Dans un pays où les inégalités sociales sont particulièrement marquées, le FMI préconise à l'administration américaine de prendre des mesures d'aide aux ménages à plus faibles revenus en accordant, par exemple, des crédits d'impôt plus généreux sur les revenus du travail ou en augmentant le salaire minimum.

La semaine dernière, le géant Amazon, l'un des plus importants employeurs des États-Unis, a créé la surprise en annonçant une hausse du salaire minimum à 15 dollars de l'heure.

L'économie est «au plein emploi», souligne le FMI. Et, bien que le taux de chômage soit tombé en septembre à 3,7%, son plus bas niveau depuis décembre 1969, les entreprises peinent à recruter sans pour autant augmenter de manière substantielle les salaires de leurs employés.

Le Fonds monétaire international suggère enfin de mener des réformes en matière d'éducation et de formation pour faire davantage correspondre l'offre et la demande en matière d'emploi.