Le président des États-Unis Donald Trump entend maintenir la ligne dure envers le Canada afin d'arracher toutes les concessions à son principal partenaire commercial dans le cadre des négociations visant à moderniser l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Tels sont les propos que le locataire de la Maison-Blanche a tenus jeudi soir à l'agence Bloomberg, dans le bureau Ovale, qui n'étaient pas destinés à être rendus publics, mais dont le Toronto Star a obtenu la transcription vendredi et les a diffusés sur son site internet.

S'il compte obtenir un nouvel accord « uniquement à nos conditions », le président Trump ne veut pas le dire publiquement, a-t-il affirmé lors de l'entretien privé à Bloomberg, car « ce serait si insultant qu'ils ne pourront pas trouver d'accord ». « Je ne peux pas tuer ces personnes », a-t-il aussi affirmé, selon le Toronto Star.

Ces propos tenus par le président américain ont eu pour effet de jeter une douche froide sur le marathon de négociations entre le Canada et les États-Unis qui dure depuis mardi à Washington. La délégation canadienne a d'ailleurs demandé des clarifications à l'équipe de négociateurs américains, dès la reprise des pourparlers, vendredi matin, afin d'obtenir l'heure juste sur les intentions de l'administration Trump.

Jeudi soir, le président Trump avait pris soin de maintenir la pression sur le Canada afin de forcer la délégation canadienne à respecter l'échéancier qu'il a fixé, soit la conclusion d'une nouvelle mouture de l'ALENA au plus tard vendredi.  

« Il faut qu'ils se débarrassent de ces barrières et de ces tarifs douaniers », a déclaré Donald Trump jeudi soir lors d'un rallye, allusion probable notamment au régime de gestion de l'offre en vigueur au Canada, qu'il a dénoncé à de nombreuses reprises au cours des derniers mois.

Plus tôt en matinée, le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, a soutenu dans un court communiqué que le Canada n'a fait « aucune concession » dans le secteur agricole dans le cadre des négociations. « Les négociations entre les États-Unis et le Canada se poursuivent. Il n'y a eu aucune concession de la part du Canada sur l'agriculture », a-t-il affirmé.

Avant de rencontrer à nouveau son homologue américain, vendredi, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a refusé de dire si les Américains faisaient preuve de mauvaise foi dans ces négociations.

« Le Canada est un pays habile pour trouver des compromis gagnant-gagnant. Ceci étant dit, dans une négociation, nous nous battons toujours dans l'intérêt national », a-t-elle souligné. « C'est ce que nous allons continuer à faire. Nous cherchons un bon accord, pas n'importe quel accord », a-t-elle dit en forme de mise au point.

À son arrivée, elle avait souligné que les deux parties avaient eu « toute la nuit pour réfléchir », se disant « impatiente d'entendre ce que l'ambassadeur Lighthizer a à dire ce matin ».

Mais son ton tranchait très nettement avec celui de la veille, quand elle parlait d'« optimisme » et soulignait la bonne volonté des deux parties pour arriver à un accord.

De son côté, le premier ministre canadien Justin Trudeau a estimé qu'il était toujours « très possible d'avoir un accord qui fonctionne pour tout le monde ». Il a toutefois immédiatement réaffirmé que « pas d'accord est mieux qu'un mauvais accord ».

- Avec l'Agence France-Presse